Selon les enquêtes de la GN, ces moyens de transport sont derrière 27,23% des accidents mortels enregistrés durant les premiers sept mois de l'année en cours, soit 4.312 ayant fait 819 morts et 8.500 blessés. L'enquête sur l'accident de bus de transport de voyageurs à Boumerdès a fait ressortir que les pneus qui ont éclaté « étaient usés ». Deuxième cause : le chauffeur du bus conduisait sous l'effet de la fatigue ne pouvait pas contrôler son engin. Le conducteur, âgé de 51 ans, est poursuivi pour quatre chefs d'inculpation, dont l'homicide involontaire, dont a été victime une femme, S. Fatima. Une question se pose : comment de tels défauts techniques échappent-ils à l'œil des agents des établissements de contrôle technique des véhicules ? N'y a-t-il pas complicité ? Interrogé sur les dépassements d'agences qui délivrent des certificats de contrôle technique de complaisance notamment pour les véhicules de transport en commun, le directeur des réseaux des agences de contrôle technique auprès de l'Enacta (Etablissement national de contrôle technique automobile), Allal Rejimi, reconnaît ce fait. Il affirme que l'Enacta a effectué des visites d'inspection qui se sont soldées par « la fermeture provisoire d'une dizaine d'agences agréées ». L'établissement a également sanctionné 70 contrôleurs « pour faute professionnelle ». Toutefois, il précise que beaucoup d'agences font leur travail correctement. La preuve, suite aux opérations de contrôle effectuées durant les premiers sept mois de l'année en cours, il a été décidé de retirer 32.000 véhicules de la circulation sur les 2 millions et 20 000 véhicules de différents types contrôlés. Parmi les infractions relevées, des problèmes au niveau du système de freinage, des suspensions et du rejet excessif de CO2. L'Enacta a également immobilisé 38.000 véhicules alors que 29.000 autres ont fait l'objet d'une contre-visite durant la même période. Le responsable a fait savoir que face à l'hécatombe des routes, son établissement a décidé de renforcer le contrôle technique des véhicules. « De nouvelles mesures sont appliquées depuis le mois d'avril de l'année en cours. Il ne s'agit plus d'observation mais de contrôle approfondi pour relever toutes les anomalies. Le contrôle touche même l'aspect extérieur du véhicule. Ces mesures concernent les véhicules particuliers et ceux de transport en commun. Elles prévoient également l'immobilisation des véhicules de transport dans les sièges sont fortement détériorés alors que par le passé, ce genre détail faisait l'objet d'un rappel à l'ordre verbal », a-t-il précisé. Résultat : les opérations de contrôle ont augmenté de 5%. Concernant les moyens de contrôle, le directeur a tenu à préciser que les équipements mis à la disposition des agences sont les mêmes que ceux utilisés en Europe. « Ils sont modernes et permettent de détecter le moindre problème d'un véhicule », note-t-il. En outre, les véhicules de transport en commun sont soumis par la loi à deux contrôles par an. A cela s'ajoute la nouvelle loi qui prévoit une amende allant jusqu'à 5 millions de centimes et une peine d'emprisonnement pour tout manquement à cette mesure. La Gendarmerie plaide pour des mesures urgentes Le bilan des accidents de la circulation présenté hier par le chef du bureau de la prévention routière relevant de la DSR (Division de la sécurité routière), le commandant Azzouz Latrache, est alarmant : en 7 mois seulement, 2.050 personnes ont perdu la vie et 27.888 ont été blessées. « Sans compter les personnes handicapées suite à ces accidents », dira l'officier supérieur qui explique que la hausse des accidents mortels est due essentiellement aux moyens de transport en commun. Face à cette situation, et afin de freiner « le terrorisme routier », le commandement de la GN appelle à la mise en place de mécanismes urgents tels que le chronotachygraphe, ou mouchard, comme prévu dans l'article 49 de la loi 14/01. « C'est un moyen très efficace qui doit être affecté au bus d'autant que l'excès de vitesse est la cause principale des accidents mortels de la circulation. » « Cet appareil fonctionne comme un boîte noire et permet de contrôler la conduite des chauffeurs et leur temps de repos », explique le commandant Azzouz Latrache. Selon une source sûre, cet appareil sera applicable dans un premier temps sur les poids lourds, dont les bus de transport en commun, de marchandises, avant d'être généralisé aux véhicules légers, et ce à partir de janvier 2014. En attendant, la gendarmerie appelle à l'adoption du système de roulement. « Nos enquêtes ont relevé que parmi les causes des accidents de la circulation, il y a la conduite sous l'effet de la fatigue. Il est impératif d'adopter le système de rotation pour les routiers. Un chauffeur de bus de longs trajets doit se reposer tous les 400 km au maximum », a souligné le commandant Latrache. Concernant les camions qui sont la première cause des accidents mortels, la gendarmerie recommande l'installation de stations de pesage. « Les enquêtes ont fait ressortir que la surcharge est l'une des causes de ces accidents surtout au niveau de l'autoroute Est-Ouest, ce qui a causé, par ailleurs, la dégradation des routes », a indiqué notre interlocuteur. Selon le responsable de la communication du commandement de la GN, le lieutenant-colonel Abdelhamid Kerroud, les propriétaires des entreprises privées de transport sont civilement responsables des accidents. « Ils ont une responsabilité directe dans le contrôle et l'entretien de leurs bus », a-t-il fait remarquer. Le commandement de la GN a lancé une vaste campagne de sensibilisation au niveau national au direction des routiers et des chauffeurs de bus sur la nécessité de respecter le code de la route. « Nous plaidons pour une prise de conscience. Les chauffeurs assurent un service public et la conduite est une grande responsabilité », précise le responsable.