Al'adresse des syndicats et de tous les travailleurs du secteur, le Premier ministre est venu avec un message : bannir la violence et épouser la culture du dialogue et de la concertation. Les revendications se doivent être exposées dans un cadre qui doit concerner les droits et les devoirs. « Il ne faut pas avoir peur du dialogue. C'est un moyen efficace et civilisé pour gérer tous les conflits et asseoir une véritable culture éducative », a-t-il indiqué. Il a exprimé la ferme volonté du gouvernement à répondre aux attentes des travailleurs dans la limite des moyens. « L'Etat ne ménagera aucun effort pour renforcer le secteur de l'Education nationale et améliorer la situation de ses travailleurs », a-t-il affirmé, avant d'ajouter que « la culture de la violence ne nous mènera nulle part et n'apportera rien ». Il a appelé la famille éducative à ne pas sombrer dans le pessimisme, mais à semer l'espoir pour former les citoyens et citoyennes algériens pour des lendemains meilleurs. Pour lui, il ne fait aucun doute que l'école algérienne, vitrine du pays, a montré « ses compétences » en matière de formation. Il a cité l'exemple des Algériens formés en Algérie et qui ont fait leurs preuves partout dans le monde. Le chef de l'Exécutif n'a pas manqué de réitérer la détermination « sans faille » de l'Etat à accompagner l'école dans son essor et à poursuivre l'investissement dans le secteur afin de le renforcer aux plans de l'encadrement et des infrastructures pédagogiques. Le Premier ministre a reconnu, toutefois, que l'école n'a pas joué son rôle lors de la décennie noire avant qu'elle ne retrouve, aujourd'hui, sa vocation initiale et noble, celle de « former l'élite de demain ». S'ouvrir aux langues étrangères Dans son intervention, le Premier ministre a tracé une sorte de feuille de route. Il a insisté sur la nécessité de s'ouvrir aux langues étrangères et au monde et de former selon les besoins et les intérêts économiques du pays. Il a salué l'enseignement des langues, notamment l'italien comme troisième choix cette année, mais cela reste de loin insuffisant et l'école peut faire mieux. Le mieux, selon Sellal, c'est d'aller vers l'enseignement du chinois. Il a indiqué qu'il ne faut pas être « prisonnier du Moyen-Age ». Pour lui, ce n'est pas avec l'Histoire et la poésie que l'Algérie se développera. Autre priorité : l'enseignement des mathématiques et des sciences. Selon le Premier ministre, il n'est pas question de rester sur le seuil actuel (8%) de l'enseignement des mathématiques qui ne garantit pas l'avenir du pays, notamment sur le plan économique. « Il faut aller là où il y a bénéfice pour le pays. Les sciences sont la base de tout enseignement fiable », a-t-il soutenu. Dans ce contexte, M. Sellal a réitéré l'engagement de l'Etat à accompagner cet enseignement, en y mettant tous les moyens nécéssaires pour son épanouissement. Tout en saluant les mesures mises en place cette année par le département de Baba Ahmed (réduction du volume horaire pour les collégiens, introduction pour la première fois de la langue italienne pour les élèves du cycle secondaire, filière langues étrangères, et mise en place des mesures pour l'allégement du cartable), le chef de l'Exécutif a insisté sur l'élaboration d'un emploi du temps parfaitement étudié, la formation des formateurs, l'ouverture sur le monde à travers des accords de jumelage avec les établissements scolaires étrangers. Sur la sécurité des établissements scolaires, il fait savoir que les services de sécurité ont été instruits pour assurer la sécurité des enseignants et des élèves. M. Sellal est revenu sur les incidents du baccalauréat pour affirmer, sur un ton ferme, que le scénario de l'année dernière ne doit plus se reproduire. « Il y va de la crédibilité du bac. Il est inacceptable que l'examen soit entaché de tricherie », dira-t-il avant d'insister sur la lutte contre le phénomène de la drogue. L'avis des syndicats Les syndicats ne sont pas restés indifférents au discours du Premier ministre. Le secrétaire général du Satef (Syndicat algérien des travailleurs de l'éducation et de la formation), Boualem Amoura, a salué les propos d'Abdelmalek Sellal, qui incarnent, selon lui, une vision moderne de l'école. Il n'a pas manqué de souligner que le chef de l'Exécutif a touché, dans son intervention, à l'une des revendications de « notre syndicat », à savoir le renforcement de l'enseignement technique. De son côté, le président de l'UNPEF (Union nationale des personnels de l'éducation et de formation), Sadek Dziri, a souligné que l'allocution de M. Sellal contenait des déclarations positives mais aussi négatives. Selon lui, le Premier ministre n'aurait pas dû discréditer les sciences humaines qui ont une place dans le système éducatif. Autre grief de M. Dziri : « L'école algérienne n'est pas responsable de la décennie noire. » Le président de l'UNPEF a fait savoir que les syndicats n'ont plus à revendiquer d'augmentations salariales mais le gouvernement se doit de distribuer d'une manière équitable les richesses. Autrement dit, il a mis l'accent sur l'octroi aux travailleurs d'un salaire en rapport avec le pouvoir d'achat. Le chef de l'Exécutif a laissé entendre, dans ce contexte, qu'il y a des limites aux revendications salariales. Sadek Dziri a soutenu, toutefois, qu'il est prometteur d'entendre le Premier ministre encourager les sciences et l'enseignement des mathématiques.