Plus rien ne va entre Moscou et Washington qui se prépare à la bataille syrienne de toutes les incertitudes. La Russie, qui soutient al Assad « quels qu'en soient les faits, quoi que le régime fasse », a mis Washington dans tous ses états. Le conseiller adjoint de sécurité nationale américain, Ben Rhodes, a exprimé toute la frustration américaine lors d'une conférence de presse tenue en marge du G20, notamment après le refus du président républicain de la Chambre de rencontrer une délégation russe, interprété par Moscou comme le signe probant de la faiblesse de la position américaine. Le dossier syrien, qui a lourdement pesé sur le G20, a approfondi le fossé qui sépare les deux pays. « Nous avons vu la Russie constamment refuser d'agir pour faire rendre des comptes au régime et essayer d'éviter les problèmes de fond par différents moyens », a affirmé M. Rhodes. Les divisions européennes inquiètent aussi le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui appelle ses homologues européens, réunis hier et aujourd'hui samedi à Vilnius, à reconnaître « au minimum » la responsabilité du régime syrien dans « le massacre » à l'arme chimique. La guerre de Syrie inévitable ? Un nouveau navire de débarquement Nikolaï Filtchenkov, dont le port d'attache est Sébastopol (Ukraine), va faire escale, vendredi (hier), à Novorossisk (mer Noire) où il va « embarquer une cargaison spéciale » avant de faire route vers la Méditerranée, a indiqué cette source de l'état-major de la marine russe. Il rejoint la flotte de navires lance-missiles, des destroyers, un bâtiment de surveillance électronique et deux grands navires de débarquement, déployés ces derniers jours pour « être capables de réagir » à toute éventualité. A couteaux tirés sur la Syrie, les pays du G20 ont, au contraire, manifesté à Saint-Pétersbourg un certain élan de coopération sur les sujets économiques. Un esprit de franche camaraderie qui a fait le bonheur de la chancelière Angela Merkel satisfaite des « progrès significatifs » et de François Hollande relevant « la convergence de dialogue dans ce G20 », divisé sur la Syrie, mais fortement uni sur les questions économiques. Le déroulement du sommet de « manière consensuelle » et le « changement de climat tout à fait évident », évoqués par le ministre français de l'Economie, Pierre Moscovici, tapissent l'union sacrée mue par l'enjeu de la croissance qui reste « notre objectif commun ». Elle fonde le consensus sur les thèmes majeurs de l'emploi, la fraude fiscale et la fuite des multinationales devant l'impôt. Dans le communiqué final, négocié à la virgule près des mois durant, l'accent a été mis sur la réglementation des « banques de l'ombre » qui échappent à tout contrôle. Pour « la première fois », la mainmise des « trusts », qualifiant les montages juridiques utilisés par les multinationales pour échapper à l'impôt qui font le lit des paradis fiscaux, est combattue, au grand bonheur des ONG fondamentalement acquises à l'échange des données automatiques. « C'est ce que nous voulions », a déclaré le porte-parole d'Oxfam. L'Occident veut retrouver le sourire et son équilibre perdu. La mue du G20 a tronqué la précarité des sommets de l'austérité, imposée par la crise de la dette dans la zone euro, à la problématique de la « croissance et de l'emploi » pour le retour aux années fastes de la croissance. Depuis le G20 de Toronto, en 2010, « le chemin gigantesque qui fixait un remède de cheval » pour la réduction des déficits, particulièrement pour les pays fortement endettés, cède le pas à une approche beaucoup plus optimiste caractérisée par la recherche de la consolidation budgétaire et la relance de la croissance économique. Exit donc le spectre de la dette apocalyptique, plombant les sommets de l'Europe en crise systémique. Place enfin au nouveau monde des pays émergents, consacrant une réunion privée à Saint-Pétersbourg pour évoquer les turbulences américaines provoquées par le mouvement de capitaux opéré par la FED (Réserve fédérale) au détriment des économies émergentes. Les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) se solidarisent pour mettre fin à l'ère de « l'argent bon marché ». Les assurances d'Obama, annonçant la levée progressive des mesures exceptionnelles, suffiront-elles à les convaincre ?