La centrale syndicale, comme d'ailleurs le patronat, s'attelle à faire des propositions sur ce dossier, et chacun prépare, de son côté, sa feuille de route à présenter au gouvernement. Et si le patronat veille, tant bien que mal, à ce que l'outil productif national privé soit boosté, l'UGTA, qui s'inscrit, certes, dans cette même démarche, prône en premier lieu la « remobilisation du potentiel existant » et la relance des entreprises nationales publiques. Cet objectif ne peut être atteint, de son point de vue, sans la mise en place de deux plans dont l'un est relatif à l'investissement et l'autre à la formation. « Assurer la relève constitue pour l'UGTA une priorité à prendre en charge », soutient Amar Takdjout, président de la Fédération du textile, du cuir et de la manufacture. Dans ce domaine d'activités précisement, considéré parmi les secteurs prioritaires inscrits dans le plan de relance tracé par le gouvernement, la formation reste le maillon faible de toute la chaîne de production. Selon M. Takdjout, d'ici quelques années, le secteur souffrira d'un manque de main-d'œuvre qualifiée. « Cela fait plus de 24 ans que nous n'avons pas formé dans ce domaine. D'ici peu, nous aurons du mal à trouver un finisseur, un bobineur ou un tisserand. Ce sont des métiers qui sont en voie de disparition », a-t-il déploré, en préconisant la réouverture de l'Institut national des industries légères ou la création de nouvelles unités de formation dans ces métiers. Selon lui, la formation doit concerner aussi bien le côté technique et logistique que managérial. « Le secteur a besoin de spécialistes en modélisme ainsi que dans la confection et la filature. Il a aussi besoin de méthodes de production développées pour faire face à la concurrence qui frappe de plein fouet le produit national », a soutenu M. Takdjout. Le président du syndicat de la SNVI (Société nationale des véhicules industriels), Maâmer Ameziane Belmouloud, affirme que le plan de relance qui sera mis en exécution à la fin de l'année au sein de l'entreprise ,est basé justement sur la formation. « L'entreprise a, a-t-il indiqué, inscrit cet aspect comme condition sine qua non dans les contrats de partenariat signés avec Mercedes et Renault », a-t-il précisé. « Le plan de relance de l'entreprise est ambitieux. Il vise à hisser les capacités de production annuelle de 3.000 à 16.000 produits d'ici 5 ans », a-t-il précisé, avant d'ajouter que « 70% des travailleurs de la SNVI sont des jeunes qui nécessitent de suivre une formation pour se mettre à niveau ». En attendant le « retour vers les bancs d'école », M. Takdjout a estimé que le passage vers cette période transitoire requiert primordialement « le maintien des anciens travailleurs » dans la perspective d'assurer le transfert de savoir-faire à la génération future. Selon lui, la centrale syndicale fera, dans ce cadre, des propositions concrètes à ses partenaires sociaux. Objectif : la reconquête du marché national. « L'UGTA plaidera pour la mobilisation du marché public et le renforcement des plans de charges au profit des entreprises nationales, et ce, pour sauver les emplois et en créer d'autres », a avancé le syndicaliste, faisant savoir que la centrale syndicale mettra, encore une fois, en relief le slogan du patriotisme économique. L'autre souci de l'UGTA, a indiqué M. Takdjout, est l'informel. Pour combattre ce fléau, elle recommande la réorganisation du marché qui « échappe au contrôle de l'administration » en créant de grandes surfaces et en multipliant les réseaux de distribution.