Malaise n Ce secteur se trouve dans une situation des plus inextricables. Les quelques entreprises qui sont encore en activité ont du mal à écouler leur produit et surtout à engager des plans de développement et d'extension de leurs activités. L'Etat a carrément délaissé ce secteur. Depuis les années 1990, une vingtaine d'entreprises ont été fermées, plus de 180 000 emplois perdus et les dettes bancaires qui se chiffrent en milliards de dinars. La seule issue pour donner un nouveau souffle à cette industrie dépend de l'attention particulière que les pouvoirs publics doivent lui accorder. Pour le secrétaire général de la Fédération nationale du cuir et du textile à l'Ugta, Amara Takdjout, la redynamisation de ce secteur s'appuie sur d'autres secteurs publics. «Pour l'enseignement supérieur, il y a plus de 400 000 lits dans les cités universitaires, ce qui représente 400 000 paires de draps et 400 000 couvertures. Les tabliers scolaires, dont le nombre est estimé à un million et demi, sont actuellement importés. Les draps et couvertures utilisés dans les hôpitaux nous échappent également. Si ces marchés-là sont récupérés, je peux dire que les effectifs d'aujourd'hui qui sont à 15 000 salariés doubleront dans les mois à venir», a-t-il expliqué, ce matin, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Pour le marché de la chaussure, la production nationale (entreprises publiques et privées) ne dépasse pas le million de paires par an, sur une consommation de plus de 60 millions de paires. Actuellement, seule une cinquantaine d'entreprises sont en activité. «Ces entreprises de l'industrie du textile et de l'habillement et du cuir sont réparties sur 27 wilayas», a précisé M.Takdjout. Aujourd'hui, le marché national nécessite autour de 400 000 mètres linéaires, et «nous représentons moins de 8%». «Sur les deux milliards de dollars que nous consommons en matière de textile annuellement, presque tout est importé. Pourtant, c'est un secteur qui a énormément de place et qui peut jouer un rôle dans la facture d'importation», a regretté l'invité de la Radio nationale. Interrogé sur le plan de restructuration du secteur, en préparation au niveau du gouvernement, M. Takdjout a dit ignorer le contenu de cette initiative. «Je n'ai pas l'information exacte sur le contenu de ce programme. Et c'est peut-être l'une des erreurs des pouvoirs publics de ne pas le diffuser et de ne pas en informer les structures syndicales. Nous avons reçu des informations sur ce plan par voie de presse», a-t-il affirmé. Toutefois, M. Takdjout avance certaines suggestions. «Pour faire fonctionner les usines que nous avons gardées, il faut assainir les dettes des entreprises, leur octroyer des crédits bancaires, investir dans les programmes de restructuration et de développement, dans la formation et la reprise en main des anciens dossiers, comme la culture du coton et la fibre synthétique», a-t-il estimé. «Il y a des possibilités de relancer le secteur, mais il faut faire preuve d'imagination et d'ingéniosité pour concrétiser un tel programme», a insisté M. Takdjout. Formation : 20 ans de «sommeil» ! «Le secteur du cuir et textile a besoin du maintien de la qualification actuelle, mais aussi de faire appel à d'autres qualifications, même si elles sont à la retraite», estime M.Takdjout. La relève ne se fait pas du jour au lendemain, explique-t-il. Un ingénieur en textile nécessite une formation de trois années à Boumerdès. «Et ça fait 20 ans que Boumerdès n'a pas formé d'ingénieurs en textile», a-t-il déploré, appelant à la relance de cette formation afin de concrétiser le plan de relance du secteur.