On revient souvent en pèlerinage vers la ville de Sidi El Kebir. Le ramadhan venu, c'est la ruée vers les vieilles ruelles de Blida ou Chréa pour «s'arracher» quelques produits typiquement Blidéens. Le précieux breuvage de fruits, qui fait la fierté de la ville, retrouve prestige. On y revient par centaines pour déceler … la meilleure cour de maison renommée pour ses arômes impériales. Elles ont toutes d'une vieille tradition importée d'Andalousie. La ville des roses en témoigne à travers la fidélité de ces anciens pour qui la culture passe d'abord par la dégustation de l'eau de rose à la cannelle. Une entrée en matière pour s'engouffrer dans le jardin secret de Sidi Mohamed El Kebir. Un homme pieux qui avait longuement voyagé dans les pays de l'Islam, notamment en Andalousie (Espagne) et qui vint se fixer au confluent de l'oued Taberkachent et de Châabat ar Romman (le ravin des grenades) aujourd'hui oued Sidi Kebir. L'Ermitage de Sidi Ahmed El-Kebir, entouré d'une Zaouia ne tardera pas à devenir un lieu de pèlerinage fréquenté par des Algériens attirés par les enseignements du Saint et par la renommée de ses vertus. Après la chute de Grenade, des milliers de morisques quittèrent l'Espagne pour une nouvelle destinée, une voie que le sage Mohamed El Kebir choisit. Au cœur de la Mitidja, l'histoire se recoupe pour donner naissance, en un ramadhan de 1535, à l'un des plus beaux joyaux andalous, que la coquetterie n'a pas épargné, pour l'appeler Blida. Dans l'allégresse des grands moments de joie, le coucher de soleil, (Maghreb) fait résonner bien des nostalgies. Au son du r'bab, cher à chaque Blidéen on entend encore la triste mélodie de la cité perdue («Au coucher du soleil, je ressens la nostalgie de ma cité perdue…»). Le vénéré Cheikh El Kebir y est pour beaucoup dans ce magnifique regroupement. Après avoir découvert et détourné les belles eaux de la montagne de l'Atlas, et avec les concours et l'aide des Maures Andalous qui fusionnèrent avec les tribus locales, il introduit dans la région la technique de l'irrigation, la culture arboricole, la plantation des premiers orangers et la broderie du cuir. Il n' y a eu longtemps durant, qu'une seule rue commerçante qui offrait un tableau plein de vie et d'originalité. C'était un long berceau de vignes et de rosiers qui ont fait de Blida l'andalouse, la ville des roses dont l'accès se faisait à partir de six portes existantes : Bab er Rahba Bab ez Zaîr Bab el Khouikha Bab es Sebt Bab ez zaouïa Bab ek Qbour.