La route de Genève 2 est largement balisée par le consensus américano-russe entérinant le plan de démantèlement des armes chimiques syriennes. Au bout de la dernière rencontre, qualifiée d'« excellente » par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, un accord final a été trouvé sur la nécessité de promouvoir « un règlement pacifique » revendiqué par les deux chefs de la diplomatie. « L'objectif fixé en septembre par les chefs d'Etat russe et américain pour mettre sous contrôle les armes chimiques syriennes a été atteint », a estimé Lavrov qui menace de sanctions prévues par le chapitre 7 de la Charte de l'Onu « en cas de non-respect des exigences où en cas d'utilisation d'armes chimiques par qui que ce soit ». Le plan de démantèlement qui donne une semaine à Damas pour présenter la liste des armes prévoit également un « accès en Syrie pour les inspecteurs pas plus tard qu'en novembre et fixe la date butoir de leur enlèvement à la mi-2014. Le nombre de sites associés au programme d'armes chimiques est évalué à 45 dont environ la moitié « dispose » de quantités de matériel exploitable. Même les divergences sur l'arsenal, composé entre autres de gaz sarin ou moutarde, ont été totalement levées par la Russie et les Etats-Unis qui sont finalement en accord sur les 1.000 tonnes d'agents et de composants chimiques recensées. « Nous sommes arrivés à une estimation commune sur les quantités et les types d'armes possédées par le régime d'Assad et nous sommes résolus à un contrôle rapide de ces armes par la communauté internationale », a déclaré John Kerry. Il reste quelques points de friction dans ce processus que les responsables américains ont reconnu qu'il serait difficile à mettre en œuvre : le délai de 2 à 3 semaines jugé par Moscou « irréaliste » et « pas professionnel ». Le chef de la commission des Affaires étrangères au Parlement russe, Alexeï Pouchkov, considère à cet effet qu'« en Syrie, il y a au moins 42 points de stockage de ces armes et certains se trouvent dans des zones de combat ». Mais, à vrai dire, les chances de succès de la voie diplomatique se consolident et se mesurent à l'aune du reflux du camp des interventionnistes ralliés à la démarche américano- russe. Le ministre français des Affaires étrangéres, Laurent Fabius, a salué « une avancée importante » pour tenter d'endiguer la montée du mécontentement de l'opinion française qui se déclare insatisfaite à 60% de la gestion de la crise syrienne. Pour Berlin, les chances pour une solution politique ont « considérablement » augmenté. Londres suit. La menace d'intervention définitivement écartée ? Rien de bien sûr. Obama, qui ne « prend pas pour argent comptant les déclarations de la Russie et d'Assad », se dit toujours prêt pour agir dans le cas d'un échec d'un règlement diplomatique.