La couleur blanche du haut du mur et le marbre noir au bas de la devanture, choisis par la wilaya et contenus dans le cahier des charges, accordent une uniformisation de la cité et une touche authentique alliant l'ancien et le moderne. Cette opération, qui fait suite à deux tentatives lancées en 2002 et 2008, a débuté le 10 mars de l'année en cours. Quelque 1119 commerces installés dans différentes artères de la commune, ont été chargés de rénover ou réhabiliter les devantures de leurs locaux commerciaux et à leurs frais. Ainsi, les propriétaires, locataires, gérants ou cogérants des commerces ont été conviés à mettre la main à la poche pour redorer le blason de la ville en procédant à la peinture mais aussi à l'installation des plantes, au changement du mobilier de la terrasse en se dotant de parasols sans publicité et du Wifi. Cette disposition a permis d'aménager des terrasses qui ont fait le bonheur des femmes. Ces dernières, désormais, s'attablent et consomment en toute quiétude. Alger redécouvre son visage d'antan. Cette nouvelle opération de réhabilitation saluée par les commerçants a toutefois connu des récalcitrants. « Nous avons répertorié une trentaine de récalcitrants pour ce qui concerne le financement de l'opération, et d'autres pour la couleur notamment le marbre noir. D'ailleurs, certains commerçants ont peint en noir au lieu d'installer du marbre. Ceux-là ont été rappelés à l'ordre et sont sommés d'effectuer les travaux comme mentionné dans le cahier des charges », dira Nadia Chaibedraa-Tani, présidente de la commission urbanisme commercial à l'APC d'Alger-Centre. Pour l'heure, 668 locaux ont été rénovés dont 337 complètement achevés, mais l'Assemblée populaire communale bute sur une entrave, et non des moindres, dans la réhabilitation totale de la ville. Il s'agit des magasins fermés et inexploités. L'APC a inventorié 187 locaux fermés depuis des dizaines d'années. « Des mises en demeure ont été envoyées aux commerçants, qu'ils soient personnes morales ou physiques, les conviant à procéder à l'ouverture des locaux et à leur réhabilitation et ce, conformément au cahier des charges établi par la Direction technique », expliquera notre interlocutrice. « Cette décision de mettre en demeure les commerçants s'appuie sur plusieurs lois dont l'arrêté n° 2141/08 du 16 juillet 2008 du wali d'Alger, faisant obligation aux propriétaires, locataires, gérants ou cogérants de rénover ou réhabiliter les devantures de leurs locaux. Les textes accordent ce droit à l'administration si le magasin est fermé depuis 5 années. Dans certains cas, ce sont des fermetures datant de plus de 20 ans. » Publiées dans la presse, les mises en demeure en question ont été placardées sur les murs ou devantures des locaux commerciaux après identification des magasins concernés par l'opération. Selon Nadia Chaibedraa-Tani, « le décès du propriétaire, les litiges qui opposent les héritiers ou le conflit entre le propriétaire et le gérant comme c'est le cas du magasin Quick dont le gérant a laissé une ardoise bien chargée, sont en réalité les causes de cette inexploitation des magasins pourtant bien placés sur les artères commerçantes ». Pour ce qui est de l'impact de ces mises en demeure, « il y a eu des répondants ». D'autres opérations suivront celle en cours, il s'agit notamment de la réfection des trottoirs mais : « Cela se fera une fois que les autres intervenants comme la SEAAL, la Poste et la Sonelgaz finissent les travaux », et de la suppression des paraboles et des climatiseurs. Si les autorités locales misent sur la réhabilitation de la ville pour créer une dynamique nocturne, certains citoyens estiment « les obstacles au développement du centre-ville ne sont pas d'ordre esthétique. C'est avant tout le manque de sécurité, de l'éclairage et de places de stationnement qui stoppe la relance d'une activité au-delà de 20 heures dans la capitale.