La piste étrangère est validée par le Foreign Office qui a confirmé la détention à Nairobi d'une personne de nationalité britannique et le Canada identifiant un de ses ressortissants. Nairobi, annonçant la mort de 5 assaillants et l'arrestation de 11 suspects, a affirmé que « les experts médico-légaux travaillent à établir les nationalités des terroristes ». Mais le « terrorisme global », formulé par le chef de l'armée kenyane, Julius Karangi, révèle la mue de l'internationale terroriste clairement exprimée par la participation de contingents occidentaux dans la guerre contre la Syrie. A Nairobi, la filière occidentale du « commando multinational », maniant l'anglais selon le Washington Post, façonne le visage hybride de la nébuleuse comptant 6 Américains, 2 Britanniques, 2 Syriens , un Finlandais, un Russe, un Daguestanais, un Canadien de l'Ontario. La personnalité intriguante de la « veuve blanche » au hijab noir, convertie à l'Islam à son adolescence, mariée une première fois au kamikaze Jermaine Lindsayqui qui s'est fait exploser dans une rame de métro près de King's Cross, tuant 26 personnes le 7 juillet 2005 à Londres, remariée au terroriste britannique Oussama présumé Habib Saleh Ghani, jugé « extrêmement dangereux » et établi en Afrique de l'Est. La Britannique Samantha Lewthwaite, impliquée dans l'opération du Westgate, selon la ministre des Affaires étrangères kényane, Amina Mohamed, serait-elle la même personne détenue par Nairobi que le Foreign Office a signalée ? Elle a à son actif de « nombreuses attaques », notamment l'attaque à la grenade dans un bar kényan fréquenté par les touristes, lors d'un match de l'Euro 2012, qui avait fait trois morts. Mais la communauté somalienne ou arabe établie aux Etats-Unis reste, aux yeux de la ministre kényane des Affaires étrangères, prédominante. La tendance est confirmée par le Républicain Peter T. King du comité du renseignement à la Chambre des représentants. « Nous savons qu'il y a probablement 15 à 20 Américains d'origine somalienne qui sont actifs parmi les shebab sur le terrain », a-t-il affirmé. Washington confirme. Il a reconnu que plusieurs dizaines d'Américains se sont rendus en Somalie au cours des dernières années pour s'entraîner ou combattre dans les rangs des shebab. La filière américaine des shebab provient des villes de Minneapolis et Saint Paul dans le Minnesota où vit une importante communauté somalienne, de Kansas City, dans le Missouri, de Tucson, Arizona, et du Maine. Le « petit Mogadiscio » de Minneapolis (Minnesota), qui compte 32.000 Somaliens, est considéré par la presse américaine comme un « réservoir djihadiste » essaimant le quartier de Cedar-Riverside, l'un des endroits les plus pauvres des Etats-Unis, avec un taux de chômage frôlant 17% et un revenu moyen par famille n'excède pas 15.000 dollars par an. Sous l'impulsion de Cabdulaahi Ahmed Faarax, un citoyen américain originaire de Somalie, une vingtaine de jeunes hommes ont quitté le Minnesota pour Mogadiscio depuis 2007, selon le FBI et la justice américaine. Bien qu'un sérieux coup ait été porté à la mouvance et au réseau de recrutement, depuis le lancement de l'opération Rhino en 2011 par le FBI, d'autres poches se seraient ensuite formées à Seattle, Saint Louis, dans le Maryland, l'Ohio et l'Alabama. La thèse de l'occidentalisation pose la question du mode opératoire du terrorisme international. « Il est difficile de monter ce type d'opération et les islamistes somaliens n'en ont pas forcément la capacité. Ils ont pu bénéficier de facilitateurs de la nébuleuse internationaliste, d'une aide logistique de membres d'Al Qaïda », soutient l'expert Dominique Thomas, chercheur à l'EHESS. Le « djihad mondial » est privilégié pour conforter le « combat national », des recrues kényanes parmi la communauté arabe ghettoïsée de certains quartiers pauvres de Nairobi, ciblée depuis 2008, selon Global Post, par un réseau de recruteurs. Nairobi ou l'expression du terrorisme venu du Nord.