En ce vendredi, quatrième journée du Fofa, l'assistance composée des spécialistes du 7e art mais aussi de beaucoup de familles a tenu à suivre les courts métrages en matinée, un documentaire en début d'après-midi et les longs métrages en fin de journée. Pour cette matinée donc, le public a assisté à la projection du court métrage les Jours d'avant du jeune réalisateur algérien Karim Moussaoui. Réalisé en 2013, cette troisième réalisation de ce cinéaste et coproduction algéro-française de 47 minutes met en scène l'histoire de deux adolescents, Yamina et Djaber (Souhila Mallem et Mehdi Ramdani) dans une cité algéroise au début des années 90. Dans ce lieu où des règles sociales restrictives sont érigées depuis longtemps, les deux héros tentent de « concilier leurs aspirations et les lois implicites que leur impose la société », lit-on dans la présentation du film. Dans ce film, la violence est avant tout graphique, qu'elle soit traitée d'un point de vue réaliste ou qu'elle s'écarte au contraire de tout réalisme pour verser dans une représentation singulière. Ce qu'il faudrait retenir, par ailleurs, c'est que Karim Moussaoui a eu cette belle audace de choisir un langage cru quand il fait parler ces adolescents. Conscient du risque, il a expliqué, lors du débat qui a suivi la projection de son film, qu'il a préféré rester fidèle à la réalité et qu'il a fait le choix de la présenter sans la dénaturer. Le second court métrage intitulé le Dernier dîner du Jordanien Mohamed Alwan met en scène un fossoyeur schizophrène. Le troisième court métrage Horizon de la jeune réalisatrice jordanienne Zine Duraie met en scène la vie d'une jeune mère ambitieuse qui tire parti d'une série d'événements qui jouent un rôle important dans sa quête de dignité humaine. Côté documentaire, le film algérien Chantier A de Sami Tarek a plongé la salle obscure de la Cinémathèque d'Oran dans un voyage parcouru par Karim qui n'était pas rentré chez lui depuis 10 ans. Un retour comme un aller, pas simple. Sur place, il retrouve les raisons de son départ et tente de comprendre le grand exode, la maison qui brûle. Mais les mots se sont fait aspirer dans un temps incertain, celui du mouvement qui permet de s'ancrer. Un paradoxe d'oiseau migrateur. Sami Tarek pousse les limites du politiquement incorrect avec des entretiens retors et des témoignages intéressants. S'agissant des longs métrages, le Jeudi après-midi du réalisateur tunisien Mohamed Damak expose la vie de Mustapha, un homme d'affaires sexagénaire victime d'un accident de la route qui le plonge dans un coma profond. Autour de lui, ses enfants s'agitent. Chacun vit la situation à sa manière, mais aucun ne peut réellement s'occuper de lui lors de sa longue convalescence. Mohamed Damak a dû adapter son scénario à l'actualité en l'inscrivant à l'époque de la dictature. Le second film Jours de cendre de l'Algérien Amar Sifodil, qui a imaginé, pour sa première œuvre, l'histoire de quatre personnes aux destins tragiques et sulfureux. Amir, l'affairiste en mal de sensations fortes, est un homme mystérieux et énigmatique. Propriétaire d'un petit restaurant en ville, il fait d'abord la connaissance de Fatima, une jeune étudiante à la recherche d'un emploi. Les personnages du film aux destins liés sombrent rapidement dans la délinquance et la violence. Le groupe est impliqué dans le cambriolage d'un appartement et agression. Après une prise d'otage qui a mal tourné, la bande s'éloigne de la ville et se cache dans une forêt. Jours de cendre est un polar contemporain dans l'Alger d'aujourd'hui. Il faut dire que le réalisateur, qui s'est inspiré du cinéma noir américain (thriller), a été fortement critiqué mais aussi n'a pas eu le succès qu'il espérerait décrocher. Le troisième film When Mona Liza smiles (Lorsque Mona Lisa a ri) du réalisateur jordanien Fadi Haddad narre l'histoire d'une femme appelée Mona Lisa, qui n'a jamais souri à cause d'une enfance malheureuse. Sa situation s'améliore quand elle assure un travail avec le gouvernement et rencontre un jeune homme égyptien. Sa nature enjouée contraste avec celle de Mona Liza et lui permet de voir la vie sous un nouvel angle. Ce film tente d'explorer les normes sociales et culturelles de la Jordanie et est prétendu être le premier qui se penche sur la vie des travailleurs égyptiens dans le pays. Le film parle du peuple jordanien de tous les jours et narre une histoire d'amour pour tous les publics arabes. Sur cette production, le réalisateur confie : « Je voulais que mon premier projet indépendant atteigne un public plus large. »