Le président syrien a affiché une volonté à toute épreuve pour se conformer à la résolution onusienne 2118, encadrant la destruction de son arsenal chimique sous la supervision de l'OIAC. Elle a été considérée, à juste titre, d'ailleurs, comme une percée remarquable dans le dénouement de la crise et un pas favorable à la relance de Genève 2. « Bien sûr, nous allons la respecter et notre histoire prouve que nous avons toujours respecté notre signature sur tous les traités que nous avons signés », a martelé Bachar El Assad au journaliste de la télévision italienne Rai 24. Même s'il a dénié un rôle aux Européens sans « atouts nécessaires » et adoptant « la politique américaine dans leur relation avec les différents pays de la région », le président syrien s'est toutefois déclaré prêt à aider les experts. Il a aussi accusé l'Europe de tenir la carte humanitaire conçue comme un moyen de pression. « Comment peuvent-ils parler d'aide humanitaire alors que l'Europe a imposé le pire embargo qu'a connu la Syrie depuis son indépendance », s'est-il interrogé, en faisant allusion au nouveau projet de déclaration présenté par le Luxembourg et l'Australie et demandant à Damas de faciliter l'accès à la population pour les agences humanitaires de l'ONU. En prenant le chemin de Damas, l'OIAC a levé les doutes sur la sincérité et la volonté de coopération de la Syrie. « En ce moment, nous n'avons aucune raison de douter des informations fournies par le régime syrien », a déclaré un responsable de cette organisation. Il se référait à la liste des sites de production et de stockage fournie par Damas à l'OIAC le 19 septembre dernier dans le cadre d'un accord russo-américain permettant la localisation d'environ 80 % des sites et soumis aux inspections de l'OIAC au plus tard dans 30 jours. « Nous avons vérifié avec nos listes. Ils respectent leur parole pour l'instant », a assuré un haut responsable militaire français cité par le quotidien Le Figaro. Selon des experts, la Syrie possède plus de 1.000 tonnes d'armes chimiques (sarin, gaz moutarde) placés sous bonne garde. L'optimisme baigne le processus de démantèlement des armes chimiques syriennes jugé plus rapide que prévu. Soit dans un délai de 9 mois à en croire un rapport américano-russe publié par le Washington Post dans son édition de jeudi. Damas, qui joue la carte de la transparence, revendique la tenue de Genève 2 « le plus tôt possible » contenue dans la résolution 2118 pour amorcer la sortie de crise à laquelle Laurent Fabius, en riposte au niet syrien, veut être associé. « C'était au départ surtout une affaire russo-américaine », a affirmé le ministre des Affaires étrangères français, précisant qu'il avait « obtenu » que soient admis la Chine, la France et la Grande-Bretagne. Autre handicap de Genève 2, la participation de l'opposition qui ne parle pas de la même voix et en conflit armé. « On ne peut pas parler avec des organisations liées à Al-Qaïda, ni négocier avec des gens qui demandent une intervention militaire en Syrie », a souligné le président syrien en faisant allusion à la coalition reçue par le secrétaire général de l'ONU et remis en selle par la France déroulant, dans l'enceinte onusienne, le tapis rouge. Les manœuvres pour Genève 2 ont assurément commencé.