Depuis la première guerre du Golfe, l'Irak n'a jamais cessé de symboliser le drame qui frappe de plein fouet le monde arabe. L'Irak continue de payer les frais, dix ans après son invasion par l'armée US en 2003. Et le cauchemar continue aujourd'hui encore, à l'aune du prétendu « printemps arabe » dont les desseins sont autrement plus destructeurs, et dont la Syrie, la Libye, l'Egypte en sont des exemples patents. Dans ce grand déballage géopolitique, le contrôle de l'ancienne Mésopotamie s'avère d'autant plus crucial qu'il suscite une guerre, par sous-traitance, entre les puissances régionales dont la responsabilité dans les violences actuelles n'est pas exclue. Ces pays sont parfois directement pointés du doigt, par plusieurs acteurs et observateurs politiques irakiens qui les accusent de soutenir les groupes armés auteurs des violences. Ainsi, des attentats à répétition commis même lors de funérailles, tantôt chiites, tantôt sunnites, ont lieu depuis une dizaine de jours dans le pays, faisant craindre un possible embrasement confessionnel général. La mission d'assistance de l'ONU dans le pays a mis en garde contre une spirale « infernale » de représailles entre les deux communautés qui font craindre une reprise de la guerre confessionnelle qui avait ensanglanté le pays en 2006-2007. Rien que pour le mois de septembre dernier, 979 Irakiens ont été tués et 2.133 autres blessés dans des actes de violence. Le bilan des trois derniers mois, qui oscille entre 800 et 1.000 morts par mois, confirme la dégradation de la situation sécuritaire. La région de Baghdad a été la plus durement frappée avec 418 morts et 1.011 blessés, suivie par les provinces de Ninive, Diyala, Salaheddine et Anbar. La journée la plus sanglante a été celle du 21 septembre lorsque plus de 90 personnes ont été tuées, en particulier dans un attentat à la bombe contre des funérailles chiites dans le quartier de Sadr City à Baghdad. Cet attentat a provoqué la colère des habitants qui ont manifesté contre la police, tandis qu'au moins un député appelait à la mobilisation de milices chiites dissoutes par le gouvernement. Et ce n'est pas fini. Au moins quatre policiers ont été tués, hier, dans un attentat à la voiture piégée contre un bâtiment abritant une unité de déminage. Le risque d'implosion pèse également sur le Kurdistan présenté comme un havre de paix et un modèle de démocratie. Dans l'Etat fédéral du Kurdistan, jusque-là épargné par les affres de la guerre, six personnes ont été tuées et une soixantaine blessées, dimanche, après l'explosion de quatre véhicules piégés près du quartier général des services de sécurité à Erbil. Soit la première attaque depuis l'attentat sanglant qui a secoué la capitale, le 10 mai 2007, faisant au moins 14 morts. Cette attaque meurtrière, qui intervient une semaine après des élections législatives pour renouveler le Parlement régional, fait craindre un embrasement ethnique dans la région où les responsables entretiennent des relations tumultueuses avec le gouvernement de Nouri Al Maliki. C'est là la réalité dramatique de l'Irak démembré, en larmes et en sang