Quatre véhicules piégés, dont une ambulance, ont explosé hier près du QG des services de sécurité à Erbil, faisant au moins quatre morts dans la capitale du Kurdistan irakien habituellement épargnée par les attentats. Selon des responsables des services de sécurité, la première explosion a été provoquée par un kamikaze au volant d'une voiture. Une ambulance, elle aussi piégée, a explosé au moment de l'arrivée des secours. Au moins quatre personnes ont été tuées, a indiqué le gouverneur d'Erbil, Nozad Hadi. Les attentats sont très rares dans cette région irakienne autonome, et la capitale Erbil n'avait pas été touchée par des attentats à la bombe depuis plusieurs années. Le dernier attentat sanglant à Erbil remonte au 10 mai 2007, lorsqu'un camion piégé avait explosé, également près du QG des services de sécurité, faisant 14 morts. Selon un analyste irakien, Ali al-Haidari, l'attentat d'hier peut être lié aux différends entre les Kurdes et le Front Al-Nosra, un mouvement islamiste à la pointe de la rébellion contre le régime en Syrie voisine. «L'attaque d'aujourd'hui peut être une vengeance du Front al-Nosra contre les Kurdes à l'intérieur du Kurdistan», a-t-il dit. Des combats ont opposé ces dernières semaines des jihadistes aux kurdes habitant le nord de la Syrie, provoquant un afflux de réfugiés kurdes au Kurdistan irakien. Environ 161.000 Syriens, la plupart Kurdes, ont trouvé refuge en Irak, selon l'ONU. L'attentat d'hier intervient une semaine après des élections législatives pour renouveler le Parlement régional du Kurdistan irakien. Des résultats préliminaires, annoncés samedi, confirmaient la prééminence du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du Premier ministre de la région autonome Massoud Barzani, et marquaient un recul pour son allié, l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani Les résultats définitifs sont attendus en début de semaine. Alors que le Kurdistan était jusque-là épargné par les attentats, les violences secouent tous les jours depuis des semaines le reste du pays où plus de 740 personnes ont péri depuis le début septembre. La mission de l'ONU en Irak a lancé il y a une semaine une mise en garde contre une spirale «infernale» de représailles entre sunnites et chiites après la multiplication d'attentats qui font craindre une reprise de la guerre confessionnelle qui avait ensanglanté le pays en 2006-2007.