Il y a dix ans l'Irak, alors l'un des pays les plus avancés du monde arabe, est soumis à l'invasion d'une coalition menée par les Américains. La chute de Baghdad, a scellé la fin du régime de Saddam Hussein et fait rentré le pays dans une instabilité chronique. Le 9 avril 2003, les troupes de la coalition, menée par les Etats-Unis, rentraient dans Baghdad ne rencontrant que peu de résistance de la part de l'armée irakienne en déroute. L'image de soldats américains détruisant la statue de Saddam à l'aide d'un char muni d'un treuil sur la place Ferdaous, en plein centre-ville, restera particulièrement dans les mémoires. Aujourd'hui le pays est devenu un Etat failli. Selon un rapport de l'ONG Iraq Body Count, 112 000 civils ont péri entre mars 2003 et mars 2013 dans les violences qui continuent, dix ans après, à endeuiller l'Irak. Les violences ont pris un tour résolument confessionnel à partir de 2006. Les huit années d'occupation de l'armée américaine ont été particulièrement sanglantes. Dans un éditorial publié par le Washington Post, le Premier ministre Nouri al-Maliki a jugé «qu'en dépit de tous les problèmes de la décennie écoulée, l'écrasante majorité des Irakiens est d'accord pour dire que nous sommes bien mieux lotis aujourd'hui que sous la dictature brutale de Saddam Hussein». C'est que cet anniversaire tombe en pleine campagne électorale. Dans 12 des 18 provinces du pays, les électeurs sont appelés à renouveler leurs assemblées provinciales le 20 avril prochain. Cependant ce scrutin, le premier depuis le départ des derniers soldats américains, s'annonce périlleux. Douze candidats ont été tués depuis le début de l'année. Samedi, un attentat a fait 25 morts et 60 blessés lors d'un meeting électoral à Bakouba, au nord de Baghdad. Avec 271 personnes tuées et 906 blessées dans des attentats, le mois de mars a été le plus meurtrier depuis août 2012. Les groupes et groupuscules armés affiliés à l'Etat islamique d'Irak (ISI), la branche locale d'Al-Qaïda, ont certes vu leur élan freiné à partir de 2008, mais ils continuent de viser les forces de sécurité et les chiites, communauté majoritaire qui domine le gouvernement. A ces violences s'ajoute une lutte politique houleuse entre Nouri al-Maliki et la minorité sunnite. Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilent chaque vendredi dans les régions à majorité sunnite pour dénoncer leur «marginalisation» et réclamer la démission du Premier ministre. Evoquant des impératifs de sécurité, Maliki a décidé de reporter sine die les élections provinciales à Ninive et Al-Anbar, deux provinces où vivent d'importantes communautés sunnites. Mais la menace la plus sérieuse vient du conflit larvé que se livrent la région autonome du Kurdistan, dans le nord du pays, et le pouvoir central à Baghdad. Les deux entités revendiquent une bande de territoire riche en hydrocarbures. Et Baghdad enrage de voir Erbil faire de plus en plus faire cavalier seul, signant des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères en se passant de l'approbation du ministère du Pétrole. M. B./Agences