Amar Sifodil est diplômé de l'école polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger, ainsi que de l'Ecole supérieure des beaux-arts. Architecte et designer, il consacre son temps libre à la réalisation et à l'écriture de scénarios. Cet artisan de l'harmonie des espaces, est aussi un artiste de l'image en mouvement. En trois années, il a réalisé 9 courts métrages et écrit 9 scénarios, courts et longs métrages. Son diaphragme artistique ouvert et son objectif bien précis, c'est ainsi qu'il décide en 2007 d'élargir son horizon en allant étudier, pendant une année, la théorie cinématographique en France, à l'Ecole Supérieure des Beaux Arts de Marseille (ESBAM). Il travaille actuellement sur un projet de long métrage. Rencontre avec un jeune cinéaste dont le film « Jours de cendre » a été fortement critiqué lors du 7e Festival du film arabe, tenu du 23 au 30 septembre à Oran. Cette même œuvre figure parmi les films algériens présentés par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) au pavillon Algérie de la dernière édition du Festival de Cannes (France). Rencontre. Tout d'abord, pourquoi, à votre avis, votre film a été fortement critiqué par les journalistes et spécialistes du 7e art ? Il convient de savoir que c'est mon premier long métrage qui consacre le polar contemporain algérien. Le tournage a duré cinq semaines, avec une jeune équipe dynamique, 100% algérienne. C'est l'histoire de quatre personnes aux destins liés, qui sombrent rapidement dans la délinquance et la violence. Le groupe est impliqué dans un cambriolage d'appartement et une agression sur personne. Après une prise d'otage qui tourne mal, la bande s'éloigne de la ville et se cache dans une forêt. A mon simple avis, mon film n'a pas plu parce qu'il sort des sentiers battus. Je dois admettre que je suis influencé par le cinéma noir américain. Un genre cinématographique très peu usité en Algérie. « Jours de cendre » met en vedette plusieurs comédiens algériens. Parlez-nous de cette équipe qui a été mal dirigée, selon certains critiques ? Notre équipe est jeune. On retrouve des artistes comme Lamia Boussekine, Sahairi Bachir Youcef, Farid Guettal et Samir El-Hakim. En réalité, il y avait une atmosphère bon enfant qui régnait entre les membres de l'équipe. Je dirigeais sans trop tirer sur la corde. C'est-à-dire que j'ai orienté l'équipe au début, puis les comédiens ont compris, assimilé et bien appris les leçons. Dans votre film, vous avez utilisé une chanson phare du groupe « Amarna ». Pourquoi ce choix musical ? A vrai dire, c'est un choix fortuit. Mais je dois admettre que j'aime bien la musique du groupe « Amarna ». C'est une musique fluide et indémodable. J'ai trouvé que cette musique sied littéralement à mon film. Le film noir est pessimiste par essence. L'êtes-vous aussi dans votre vie de tous les jours ? Pas du tout, je suis bien au contraire très confiant. Le film noir possède une véritable identité visuelle qui a été largement imitée par la suite. Les éclairages expressionnistes sont fortement contrastés, laissant de larges plans de l'écran dans l'obscurité. Le décor est souvent urbain, et les espaces sont alors restreints. Les films noirs mettent souvent en scène des personnages principaux complexes et ambigus, dont le passé est souvent peu reluisant, et des seconds rôles riches et autonomes, en rupture avec les poncifs traditionnels. Vous aimez ce genre de traitement au cinéma ? C'est que j'adore cultiver ce genre d'approche : l'instantanéité du présent filmique. Un plan aussi élaboré, aussi minutieusement préparé soit-il, doit rester inattendu et surprenant. Le tournage a un rôle majeur dans cette configuration. Le profil des personnages, les situations, tout cela intègre cette part d'inconnu, en creux ou explicitement. Bachir Derais, qui a produit votre film, semble être très convaincu par votre travail... Je dois remercier Bachir Derais pour son professionnalisme et surtout pour la confiance qu'il a placée en moi pour la réalisation de ce film. Il faut dire que si aujourd'hui le cinéma se porte bien en Algérie, c'est en partie grâce à ce genre de personnes qui offre la chance aux jeunes pour s'exprimer. J'estime que c'est une excellente initiative qui donnera, à la longue, ses fruits. Le 7e Festival d'Oran du film arabe occupe une place importante dans le champ cinématographique en Algérie. Ce même Festival a eu un moment fort dans son programme, celui d'avoir réuni plusieurs hommes de cinéma venus de différentes contrées. Parlez-nous de votre expérience... Le Festival a grandi, devenant de plus en plus professionnel, il faut juste souligner que nous devons cela aux encouragements du ministère de la Culture et aux efforts conjugués de toute l'équipe organisatrice de cet événement. Pour ma part, je dirais que c'est une bonne expérience, vu que nous avons élargi nos horizons, fait des découvertes, échangé des points de vue, et débattu diverses thématiques. Que du bonheur.