Après avoir dressé le bilan de son secteur, le ministre de l'Education nationale a évoqué particulièrement la surcharge des classes, les cours particuliers, les œuvres sociales, la médecine du travail, le dossier des primes, les changements qu'il est en train d'opérer à la tête des directions de l'éducation. Pas de nouvelles primes Le Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique) poursuit son mouvement de protestation entamé le 7 octobre dernier. Le ministre a qualifié de « regrettable » cette situation. « On ne peut pas tolérer de prendre les élèves en otages », lance-t-il. Pour le premier responsable du secteur, les enseignants du secondaire sont bien pris en charge et ils ont eu tout ce qu'il faut. « Les enseignants du secondaire peuvent atteindre le salaire de l'enseignant universitaire et peut-être plus. Ils sont classés à la 16e catégorie, soit la même catégorie qu'un médecin », annonce-t-il. De plus, dit-il, le Cnapest voulait passer une revendication « personnelle », en l'occurrence la réintégration d'un enseignant radié du corps enseignant et néanmoins membre du bureau national du syndicat. Le ministre a précisé que son cas sera étudié, sans toutefois promettre une réponse positive. Pour lui, les grévistes auraient pu mettre fin à leur mouvement étant donné que « les membres du bureau national du syndicat étaient présents lors de la réunion de samedi dernier », lâche-t-il, non sans s'interroger sur les intentions de ces derniers de maintenir la grève. Des sanctions seront-elles prises ? Le ministre évoque des ponctions sur salaire et bien d'autres mesures conformément aux règlements en vigueur régissant ce genre de conflits. Il annonce que le taux de participation à la grève n'a pas dépassé les 0,3% dans le primaire, 1,3% dans le moyen et entre 20 et 22% dans le cycle secondaire. Par ailleurs, Baba-Ahmed a indiqué qu'il n'y aura plus de nouvelles primes. Il a justifié ceci par le fait que le Trésor public n'est plus en mesure de supporter de nouvelles charges. Il a soutenu que son département était le premier à avoir obtenu des primes qui dépassent toutes les prévisions du secteur. Pour ce qui est du mouvement initié dans le corps des directeurs d'éducation et des directeurs d'établissement, le même responsable l'explique par deux raisons. Primo, le départ à la retraite de certains directeurs conformément à l'instruction du Premier ministre. Deuxio, le manque de résultats. Surcharge des classes, ce n'est pas moi Le ministre de l'Education a reconnu l'existence de surcharge de classes. Mais Baba Ahmed refuse de porter seul le chapeau. « Je ne porte pas seul cette responsabilité », déclare-t-il. Il ajoute que l'ancien ministre de l'Education n'a rien fait pour prendre en charge le problème alors qu'il savait que l'année 2013/2014 verra le passage à la fois des élèves ayant achevé le cycle moyen de l'ancien système et ceux du nouveau (après les réformes). Autre raison : la non-réception de projets de réalisation de lycées et de CEM. Il a fait savoir que 40% des établissements ont accusé des retards dans la livraison. Pour ce qui est de la surcharge des programmes, le ministre a annoncé la mise en place, dans deux mois, d'un Conseil national des programmes. Il sera chargé de faire une évaluation des programmes actuels afin de trouver la meilleure formule possible permettant de procéder à des allégements. L'invité d'El Moudjahid a tenu, toutefois, à préciser que la tâche n'est pas tout du tout aisée. Il a soutenu qu'il a été « impossible » pour la commission des programmes d'assumer seule cette tâche. « Revoir totalement le programme est une opération très lourde », dira-t-il. Le ministre a soutenu qu'on ne peut pas « juger les réformes selon un seul échantillon mais qu'il en faudrait plusieurs ». C'est la raison qui explique « notre démarche de ne procéder qu'à quelques modifications mineures sur des points bien précis, notamment ceux réclamés par les partenaires sociaux », dit-il. Au sujet de la lourdeur du cartable, Baba-Ahmed a reconnu que la question est épineuse. Il a annoncé que son département envisage, comme solution, de demander aux élèves ayant bénéficié de la gratuité des manuels scolaires de les rendre à la fin de l'année pour les distribuer aux nouveaux élèves qui auront ainsi la chance de disposer de deux manuels. Au sujet de la déperdition scolaire, le ministre a estimé que le fléau touche 9,49% des élèves qui trouvent des difficultés à suivre leur cursus. « Il serait souhaitable de laisser les élèves qui ont des difficultés refaire la 5e année afin qu'ils puissent aborder dans les meilleures conditions possibles le cycle moyen », a-t-il suggéré. Et d'annoncer que des concertations seront entamées incessamment par son département pour trancher sur la question et prendre des mesures. Circulaire pour interdire les cours particuliers Le ministère est en train d'élaborer une circulaire pour interdire aux enseignants, aux inspecteurs et aux directeurs d'établissement de dispenser des cours particuliers aussi bien à l'intérieur qu'en dehors des établissements scolaires. Pour le ministre, « ces cours ont des conséquences néfastes sur le niveau scolaire des élèves qui deviennent passifs, mais sont aussi une atteinte au principe de la démocratisation de l'enseignement ». Sur le dossier des œuvres sociales, le premier responsable du secteur à souligné que c'est l'affaire des enseignants, à travers la commission nationale qui a toutes les prorogatives et la liberté d'agir pour faire des propositions. Concernant la création de postes aménagés, comme le réclame le Cnapest, au profit des enseignants atteints de maladies professionnelles, Baba-Ahmed invite les enseignants à traiter avec les départements de la Santé et du Travail. A ce sujet, il a insisté sur le fait que le dossier ne relève pas des prérogatives de son département.