L'annonce a été faite, dimanche dernier, par le ministre Abdelatif Baba Ahmed, lors de son intervention au forum d'El Moudjahid. La réaction des partenaires sociaux ne s'est pas fait attendre. Les avis sont partagés. Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) soutient que « personne ne peut interdire ce type de cours ». Meziane Meriane plaide pour leur organisation, voire obliger les enseignants qui assurent ces cours à payer des impôts. Autrement dit, notre interlocuteur suggère que ces cours soient légalisés. A l'opposé, le Conseil des lycées d'Algérie (CLA) n'est pas contre leur interdiction. Son secrétaire général, Idir Achour, s'est dit « d'accord pour l'interdiction des cours particuliers mais aussi la fermeture des écoles privées ». Pour lui, c'est la meilleure des manières pour sauver l'école publique. Il a souligné que les cours particuliers « participent à la destruction de l'école publique ». Il a fait savoir que depuis l'instauration de ce type de cours, les absences au niveau des écoles ont doublé et les élèves accordent moins d'intérêt aux cours dispensés au niveau des établissements scolaires. Idir Achour partage l'argument du premier responsable du secteur insistant sur le fait que les cours particuliers portent atteinte au principe de la démocratisation de l'enseignement en Algérie. Pour mener à bien cette démarche, le secrétaire général du CLA plaide pour l'amélioration de la situation socioprofessionnelle des enseignants à travers la prise en charge par le ministère, de toutes les revendications des enseignants sans exclusion aucune, à commencer par la révision du statut particulier. Le chargé de communication du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Messaoud Boudiba estime, quant à lui, que par cette déclaration, le ministre adopte la politique de la fuite en avant. Pour lui, le ministère veut détourner les regards des problèmes du secteur. Ce secteur est, selon ses dires, miné par les mouvements de grève, la surcharge des classes et des programmes sans omettre le manque d'encadrement aussi bien pédagogique qu'administratif. « C'est un faux dossier. Les cours supplémentaires ne constituent pas une priorité », a-t-il indiqué. Pour lui, il ne fait aucun doute : cette circulaire « est un pas dans la mauvaise direction ». Il ajoute que les cours particuliers n'ont jamais été dispensés à la seule initiative des enseignants. Notre interlocuteur a expliqué que ce sont les parents d'élèves qui les réclament pour leurs enfants. Khaled Ahmed, président de l'association des parents d'élèves, a estimé que la meilleure façon c'est de procéder à l'organisation de cette activité. Pour lui, le ministère ne doit pas interdire les cours aux élèves des classes d'examen. Pour les autres classes, notre interlocuteur n'est pas contre cette interdiction. « Il est vrai que pour les élèves concernés par les examens de fin d'année (bac, BEM et 5e), ces cours leur sont d'un apport considérable. Pour les autres, je n'en vois pas l'utilité », soutient-il. Il accuse certains enseignants de ne s'intéresser qu'à l'argent au lieu d'assurer des cours selon les règles pédagogiques. « En prodiguant des coursparticuliers, certains enseignants ne se soucient pas de l'encadrement pédagogique ou si l'élève a assimilé la leçon. Leur souci c'est de se remplir les poches. Sinon comment expliquer que des cours aient été dispensés dans des hangars et d'autres endroits qui ne répondent pas aux normes pédagogiques », s'interroge-t-il. Raison pour laquelle Khaled Ahmed appelle le ministère à offrir un meilleur cadre et de garantir les conditions pédagogiques adéquates pour permettre aux établissements scolaires publics d'assurer ces cours aux élèves, notamment ceux qui trouvent des difficultés d'assimilation.