L'exposé de M. Harchaoui, ancien ministre des Finances, a été très détaillé avec des observations sur le rythme de croissance attendu, le niveau d'inflation, les transferts sociaux et subventions, le poids des dépenses du budget de l'Etat dans l'investissement... Au RND, on pense d'emblée que le niveau des ressources dégagées est à même d'assurer « une continuité du développement économique et social du pays », non sans appeler à une « politique budgétaire prudente » lorsqu'on sait que le déficit du produit intérieur brut (Pib) est de 18% et que « le rythme des dépenses augmente d'année en année de 1.600 milliards de dinars ». Des dépenses qui restent alimentées par les recettes des hydrocarbures, instables par définition. Les députés sont tenus, a fait remarquer M. Harchaoui, « d'observer une règle fondamentale qui consiste à préserver l'équilibre du budget de l'Etat, tel que présenté par le gouvernement », citant les prescriptions de la Constitution et ses articles 121, 122 et 123, qui interdit d'« inscrire une dépense sans en apporter la ressource équivalente nécessaire ». Tout comme elle interdit de « priver l'Etat de ses ressources par une réduction des impôts par exemple ». Car pour M. Harchaoui, il y a « une tendance au populisme dans la dépense » que l'on observe actuellement, et « la ressource n'est jamais suffisante », prévient-il. D'ailleurs, le RND semble s'inquiéter de ce rythme de la dépense et voudrait connaître « les dispositions que le gouvernement compte prendre pour maîtriser ce déficit ». M. Harchaoui, qui a demandé qu'on fasse une « évaluation des réformes qui ont été engagées depuis des années », ainsi que celle « des politiques publiques en cours », reconnaît qu'il y a « un grand effort d'investissement et de relance grâce au concours du budget de l'Etat ». « Toute l'Algérie est en chantier », dira-t-il. Encore faut-il « faire un bon développement, réaliser des infrastructures de qualité » et en tirer « une exploitation optimale ». Sur le plan technique et pour ce qui est des éléments ayant présidé à la confection de la loi de finances, M. Harchaoui est revenu sur la polémique du cours de pétrole pris en compte dans les prévisions de recettes, actuellement arrêté à 37 dollars. L'ex-ministre des Finances se demande si l'on va « continuer à travailler sur un prix à 37 dollars pour fixer le niveau des recettes de l'Etat et à 90 dollars pour le calcul du PIB ». Il y a là « une difficulté à lire le budget et à comprendre le niveau du déficit », explique-t-il, appelant à « une cohérence dans les chiffres et à une uniformisation de l'approche ». Il faut dire que dans le premier scénario, le déficit du budget est à 18 % du PIB et autour de 4 % dans le second ! Les subventions culminent à 4.800 milliards de dinars Les autres chapitres de la loi de finances ont suscité quelques observations, à l'image des importations qui atteindront le chiffre inquiétant de 50 milliards de dollars, de la croissance qui devrait atteindre non pas les 4% mais « les 8% au vu des potentialités et des moyens dont nous disposons ». Enfin, pour ce qui est des subventions qui culminent à un total de 4.800 milliards de dinars, 2.931 milliards de dinars sont dites « non apparentes » et qui touchent aux exonérations fiscales (942 milliards), au soutien au foncier (66 milliards), aux subventions à l'énergie (électricité, gaz, carburant). Ce dernier produit reçoit, à lui seul, 775 milliards de dinars. C'est par « souci de transparence que l'on veut en parler » pour ne pas diminuer le niveau réel de l'effort de l'Etat. Cela implique aussi un débat sur la poursuite du financement du déficit (3.300 milliards de dinars par an) qui se fait actuellement à partir du fonds de régulation des recettes qui clôture à 7.000 milliards de dinars.