Les données d'encadrement de la loi de finances 2010 semblent marquer la volonté de l'Etat de poursuivre les efforts de développement et, en même temps, de stabiliser le front social, quitte à recourir à un fort taux de déficit budgétaire. Cette loi repose sur un prix moyen du baril à 37 dollars us, une croissance du PIB de 4% (5,5% hors hydrocarbures), un taux d'inflation de 3,5%, un niveau d'importations de 37 milliards de dollars et un déficit budgétaire de 7,5%. Avec une enveloppe de 5 860 milliards de dinars en dépenses et 3 081 milliards de dinars en recettes, le déficit budgétaire nominal sera couvert par le Fonds de régulation des recettes dont le stock se situe à plus de 4 000 milliards de dinars, selon le ministre des Finances. Les budgets d'équipement et de fonctionnement sont en hausse respectivement de 7% et 6,6%. Ces principaux indicateurs permettent à la fois de tirer quelques enseignements et de susciter des questionnements. Pour les puristes de l'orthodoxie financière, le recours excessif au déficit budgétaire comporte des risques de déséquilibres macroéconomique. Cette inquiétude exprimée au demeurant par les représentants des deux Chambres du Parlement n'est pas sans rapport, dans le subconscient collectif, avec la situation des années 1990, où le rééchelonnement de la dette extérieure et l'ajustement structurel qui nous avaient été imposés par le FMI et la Banque mondiale, s'étaient traduits par de lourds sacrifices économiques et sociaux (fermeture des usines, plans sociaux avec réduction des effectifs plus de 800 000 travailleurs ont été mis au chômage…). C'est là, peut-être, un traumatisme collectif qui peut se comprendre, mais qui ne se justifie plus, dans la mesure où, l'Algérie, non seulement n'est plus endettée, mais elle est dans une situation de surliquidités (150 milliards de dollars de réserves de change) qui lui confère une relative aisance financière. Sur un autre plan, les règles de l'orthodoxie budgétaire ont bel et bien été transgressées par de nombreux pays occidentaux pour faire face aux conséquences sociales et économiques de la crise financière internationale, bien que l'Union européenne ait imposé un taux plafond de 3% de déficit. Cependant, cette pratique budgétaire ne devrait pas tendre à devenir structurelle, car, si comme l'a affirmé Karim Djoudi, “l'Algérie dispose d'un panel de solutions de financement de son déficit” à terme, les grands équilibres financiers peuvent être obérés par la faible performance de son économie hors hydrocarbures et les risques de reflux des cours du pétrole qui ne relèvent pas de sa volonté mais sont dictés par les fluctuations du marché international. Pour ce qui est du volet social, la lutte contre le chômage, la subvention des prix des céréales, du lait et de l'eau, figurent en bonne place dans l'affectation des ressources et traduisent le souci des pouvoirs publics de stabiliser le front social qui continue de bouger malgré l'augmentation du Snmg compte tenu de la poussée inflationniste. Enfin, la réorientation de la politique économique amorcée par la LFC 2009 semble se poursuivre à travers la loi de finances 2010 par une série de mesures incitatives en faveur du secteur productif national notamment par de nouvelles facilitations fiscales.