Plus de 70 artisans, venus d'une vingtaine de wilayas du pays, participent, depuis dimanche dernier, au Palais des expositions de Batna, au Salon régional du bijou traditionnel qui a attiré, aussitôt après son ouverture, un public nombreux. Cette manifestation, qui se poursuivra jusqu'à jeudi prochain, se distingue par une gamme très variée de bijoux, notamment en argent, finement travaillés du fait de la forte présence d'artisans des Aurès, de Kabylie et du sud du pays. Le Salon régional du bijou traditionnel, qui donne également à admirer de superbes pièces de joaillerie en or, ambitionne, selon le directeur de la Chambre locale de l'artisanat et des métiers (CAM), de créer un « espace national où les artisans bijoutiers pourront échanger leurs expériences à travers des mini-ateliers qui permettront aux artisans de faire étalage de leur savoir-faire et d'expliquer certains aspects de leurs techniques ». Les artisans-bijoutiers ne cachent pas, de leur côté, leur joie de participer à un tel événement qui, disent-ils, leur permet de promouvoir leurs produits et de faire connaître les bijoux de l'Algérie profonde et ses spécificités, au moment où il s'agit, aujourd'hui, de faire face à la concurrence pas toujours loyale des produits importés. Invité par l'APS à commenter la cherté des bijoux de l'artisanat local, Nacer Halimi, spécialisé dans la fabrication des bijoux en argent de Beni Yenni, à Tizi Ouzou, explique qu'elle est due notamment aux prix exorbitants de la matière première. Il indiquera que ce type de bijoux, ouvragés avec soin, sont « faits main et demandent beaucoup de dextérité, de savoir-faire et de concentration ». Pour cet artisan, il s'agit d'une activité qui risque de « disparaître si l'on ne réfléchit pas à un moyen efficace d'encourager les jeunes à apprendre ce métier er à l'exercer ». Il y va, ajoute M. Halimi, « de la sauvegarde d'un pan important de notre patrimoine ». Pour sa part, M. Lazali Amoumi, artisan bijoutier venu d'Illizi, spécialisé depuis 35 ans dans la fabrication de bijoux en argent, estime que les bijoux traditionnels de cette région de l'extrême sud du pays, comportant des inscriptions finement ciselées en tifinagh et sertis de pierres, ont « encore de beaux jours devant eux eu égard à l'attrait irrésistible qu'ils exercent sur les touristes étrangers ». Pour cet artisan, ce genre de Salon est de nature à promouvoir davantage ce bijou qui fait la fierté des gens du Sud. Une présence remarquable de visiteurs est observée au premier jour du Salon, notamment des femmes très admiratives devant la beauté des objets exposés, « mais quelque peu découragées par les prix élevés ». Le directeur de la CAM a fait part de son souhait de voir ce salon élevé au rang de manifestation internationale, surtout, ajoute-t-il, que la wilaya de Batna est devenue un « pôle national » en matière de bijouterie comme en témoigne le nombre important d'artisans opérant dans ce secteur (972 bijoutiers joailliers). La ville de Batna a récemment bénéficié de l'inscription en étude, pour une enveloppe de 10 millions de dinars, d'un centre de minerais de métaux précieux, ont indiqué les services de la Direction du tourisme et de l'artisanat, considérant que cette structure, prévue au centre de la capitale des Aurès, est de nature à conforter cette activité artisanale tant au niveau local qu'international.