La mission de l'envoyé spécial en Syrie, Lakhdar Brahimi, en pleine tournée dans la région, s'avère périlleuse devant le raidissement de l'opposition établie à l'étranger qui refuse tout compromis avec Damas, et, surtout, des menaces proférées par les groupes terroristes contre les participants à la rencontre. C'est dans cette atmosphère tendue et hostile que le médiateur international tente de faire bouger les lignes et convaincre les pays de la région, plus ou moins, impliqués dans le conflit, d'aider à la réussite du rendez-vous. A Damas, où il se trouvait, hier, M. Brahimi n'était pas à son avantage. Il avait, lors de sa visite en décembre 2012, provoqué la colère des dirigeants syriens en appelant à un changement « réel » à travers la formation d'un gouvernement de transition doté des pleins pouvoirs. Plus pondéré cette fois, il a soutenu, hier, au sortir d'une audience avec les responsables syriens, que la conférence de paix à Genève « doit être l'occasion pour les Syriens de décider de leur avenir (...) et fixer la phase de transition ». Le médiateur international a également rencontré les opposants de l'intérieur, dont le chef du Comité de coordination pour le changement national et démocratique (CCCND), Hassan Abdel Hazim, et Ali Haidar, ministre d'Etat chargé de la Réconciliation nationale, opposant également. Son optimisme prudent tranche, néanmoins, avec l'opposition farouche de l'Arabie saoudite, allié de l'opposition syrienne de l'étranger, à la rencontre de Genève. Pays que le médiateur international n'a pas prévu dans le cadre de sa tournée. L'hostilité de Ryadh s'est, d'ailleurs, vite traduite par l'appel de plusieurs composantes de la coalition de l'opposition syrienne à mettre fin la mission de Brahimi. Divisée sur sa participation ou non à cette conférence de paix, la Coalition doit néanmoins se réunir le 9 novembre en Turquie pour trancher, mais reste, toutefois, inflexible sur le départ du président syrien. Dix-neuf importants groupes terroristes, dont une grande partie se réclamant d'al Qaïda, et l'Armée syrienne libre ont menacé samedi de juger « pour trahison » devant des « tribunaux » les éventuels participants à la conférence. Une déclaration qui a suscité le courroux de la Russie, coorganisatrice de Genève 2 avec les Etats-Unis, qui dénonce des « menaces révoltantes ». Soutenue par quelques pays arabes, la Coalition attend un signe de la Ligue arabe qui se réunira, dimanche prochain, au Caire notamment pour discuter de leur « possible » soutien, dans l'espoir de la convaincre de l'opportunité offerte par Genève 2 pour le règlement politique de la crise. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui prendra part aux travaux de cette session « extraordinaire », a fait savoir, hier, le soutien de l'Algérie aux « initiatives en cours pour rendre possibles la convocation et la tenue de la conférence de Genève II ». « Nous considérons cette conférence indispensable pour substituer une logique de dialogue en vue d'une solution politique inclusive, à une logique de confrontation qui ne saurait apporter des solutions servant les intérêts du peuple syrien frère », a-t-il souligné.