Mohamed Mechati et Youcef Hadad, deux figures emblématiques de la révolution algérienne, racontent le parcours militant de leur ami d'enfance et compagnon de guerre Abderrahmane Guerras. Les trois compagnons habitaient le même quartier populaire Sidi Mezrar à Constantine. Très jeunes, ils ont adhéré au mouvement national pour devenir plus tard des chefs de zone lors de la préparation et de l'organisation de la lutte armée. « Abderrahmane Guerras était le chef de la zone du Nord-Constantinois qui s'étendait jusqu'à Biskra et Sétif. Il avait sous sa coupe Bentobal et d'autres figures de la révolution », raconte Youcef Haddad lors d'un hommage organisé par l'association Machaâl Echahid au siège d'El Moudjahid. L'orateur a mis aussi en exergue le charisme, le sérieux et la rigueur du défunt en tant que chef de zone. « A l'indépendance, Ahmed Ben Bella l'a désigné comme député mais Guerras a refusé car il estimait que le chef de l'Etat aurait dû le consulter avant de prendre une telle décision. Il a dit à Ben Bella : « je ne suis pas un mouton, il fallait me consulter d'abord ». Ce refus a provoqué un désaccord entre les deux hommes », relate l'ancien chef de la Fédération FLN de France responsable de Rive gauche de Paris. L'autre ami d'enfance et compagnon d'armes, Mohamed Mechati, l'un des « 22 » qui ont déclenché la Révolution, évoque, lui aussi, le parcours du moudjahid. Ce dernier, qui a échappé à l'arrestation des militants de l'Organisation spéciale (OS), était activement recherché par l'armée française. Il sera désigné chef à Mostaganem puis à Chlef après avoir échappé à une arrestation. Il sera par la suite envoyé en France par Mohamed Boudiaf où il fut l'un des fondateurs de la Fédération de France du Front du FLN. Quant au moudjahid Youcef Haddad, il a qualifié le défunt de « militant fidèle » et de modèle de discipline, ayant mené sa mission en France « avec brio et abnégation ».