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Un fuyard, 51 ans après l'indépedance, sort de son nid et dénigre
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Publié dans El Watan le 11 - 07 - 2013

Faisant suite à l'interview de Mechati sur le journal El Watan du 1er juillet 2013, il me semble nécessaire d'éclaircir certains points historiques importants afin de replacer ce babillage dans son seul et unique niveau, celui du commérage stérile, infondé, accusateur et non constructif.
Les propos factuels que je vais relater m'ont été racontés par mon père, Lakhdar Bentobal, qui était un des chefs principaux et légitimes de la Révolution. Il a non seulement milité dès son jeune âge, mais a aussi passé 4 ans dans le maquis des Aurès, avant de participer à la préparation du déclenchement de la guerre d'Algérie. Il a été LE seul dirigeant de la Révolution à avoir participé à tous les événements majeurs de la Révolution algérienne déclenchée le 1er Novembre 1954, et ce, jusqu'à l'indépendance de l'Algérie où il a été un acteur majeur lors des pourparlers et négociations d'Evian avec la France. Il se sentait investi de la seule mission qui donnait un sens à sa vie, et ce, depuis qu'il était tout jeune, la libération de son pays, qu'il a aimé par-dessus tout jusqu'à son dernier souffle, le 21 août 2010.
Son attachement et sa dévotion à son pays, il les a vécus comme un noble sacrifice pour lequel il aurait donné sa vie sans l'ombre d'un doute. Son seul et unique dessein était de participer à cette grande aventure patriotique qui consistait à rendre l'Algérie aux Algériens.
La réunion pour la préparation du 1er Novembre 1954 s'est déroulée dans une maison du quartier Clos Salembier (El Madania aujourd'hui) le 25 juin 1954 et a rassemblé ce que l'on appelle aujourd'hui les «22», le groupe qui a décidé du passage à la lutte armée pour l'une des plus grandes guerres de libération au monde. Il ne faut pas perdre de vue que la Révolution algérienne a suscité l'admiration du monde, elle est comparable au combat qui opposa David à Goliath.
Après cette réunion, chacun est retourné chez lui dans sa région. Mechati étant de Constantine est rentré chez lui. Lakhdar Bentobal était dans la clandestinité et membre de l'OS depuis 1947. Il avait dû quitter sa maison natale, à Mila, pour rejoindre le maquis des Aurès, en 1950 et se cachait chez les Bouchama (famille de militants) près de Constantine dans un village nommé EI-Haria, appelé aujourd'hui Ibn Badis, une commune de la willaya de Constantine).
Après son retour du Clos Salembier, Lakhdar Bentobal est rentré dans le Constantinois pour continuer à préparer activement le déclenchement de la Révolution prévue le 1er Novembre 1954. Environ un mois avant le déclenchement de la Révolution armée, les responsables de Constantine, dont Mechati, étaient revenus sur leur position : ils souhaitaient provoquer une nouvelle réunion et rediscuter les décisions prises lors de la première réunion des «22» au Clos Salembier. Zighoud Youcef a refusé le principe, disant que tout ce qui devait être dit l'a été, mais Lakhdar Benlobal a bien voulu rencontrer Mechati et le groupe de Constantine pour comprendre leurs intentions.
Mechati a rencontré Bentobal à Constantine dans le quartier d'El Mansourah. Lors de ce rendez-vous, Mechati a avoué à Lakhdar Bentobal qu'il regrettait d'avoir accepté les décisions prises lors de la réunion du Clos Salembier et qu'il n'était pas convaincu que l'organisation, telle qu'elle existait à ce moment là, puisse réussir, et qu'il ne voulait pas s'engager dans la lutte armée, faute de logistique et de motivation. Lakhdar Bentobal lui rétorqua que lui et les autres étaient décidés à poursuivre le processus révolutionnaire qu'aucune annulation n'était prévue et qu'on ne reviendra pas sur les conclusions et décisions prises lors de la réunion, car le chemin était tracé et que l'objectif était l'indépendance de l'Algérie à n'importe quel prix.
Cette rencontre a duré deux heures et Mechati lui rétorqua qu'il avait peur d'être capturé par la police française, car le groupe de Constantine était connu de ce service. Mon père lui répondit que s'il avait peur, il n'avait qu'à les suivre et s'engager dans la lutte armée avec eux. Après cet échange, a eu lieu une réunion avec le groupe de Constantine chez Haddad, à laquelle avait participé Didouche Mourad et Lakhdar Bentobal. Cette réunion n'a pas pu convaincre le groupe de Constantine de s'engager dans la lutte armée. Quelques temps après, Mechati a réussi à prendre la fuite en France et n'a pas participé à la lutte armée.
Pour éclaircir un peu plus la réalité que devrait connaître le lecteur et le peuple algérien, voici un résumé de quelques faits historiques de cette réunion importante qui a eu lieu à Constantine un mois avant le déclenchement de la Révolution. Cette réunion s'est tenue en secret dans le quartier de Souika (médina de Constantine : petit souk) et a duré jusqu'à 3h ou 4h du matin, y avaient assisté : Didouche Mourad, Lakhdar Bentobal, Aouati et le groupe de Constantine qui n'était plus pour le déclenchement de la Révolution et les résolutions prises au Clos Salembier au mois de juillet 1954.
Didouche Mourad s'est exprimé en disant au groupe de Constantine, dont Mechati, qu'il n'était plus question de tenir des discussions ni avec eux ni avec les centralistes, que la décision du soulèvement a été prise, que l'engagement envers les militants a été pris, que l'organisation de l'action est en marche. Qu'il ne leur restait plus qu'une alternative, soit ils sont avec les militants, soit ils sont contre.
Lakhdar Bentobal a demandé à Guerras (son responsable pendant des années) : comment après nous avoir donné des leçons de patriotisme, de courage et d'esprit révolutionnaire, il puisse un jour nous dire qu'il allait faire la révolution avec des boîtes de sardines ! Lakhdar Bentobal estimait que les personnes qui se servaient de tels arguments étaient les cinq ennemis de la Révolution et collaboraient avec la France.
Habbachi s'est adressé à Bentobal, en lui disant qu'il le savait honnête et droit, mais qu'il soupçonnait que sa prise de position était dictée par peur de Didouche. Ce à quoi Bentobal a répondu qu'il n'avait peur ni de Didouche ni de personne, qu'il s'est engagé corps et âme dans la cause algérienne et que ni Didouche, ni lui, ni personne ne pourront se mettre en travers de ses convictions et que personne ne lui dictera ses actes. Lakhdar Bentobal n'a jamais eu peur de personne. Il a toujours été intègre et avait une conviction et une seule : aller au bout de son engagement pour l'indépendance de l'Algérie. Il avait une force morale inégalée.
La réunion s'est terminée sans qu'aucun accord ait été conclu. Le thème dominant qui revenait sans cesse était qu'il fallait se réunir de nouveau et mettre à plat toutes les décisions prises lors de la réunion de Salembier. Ce qui aurait eu pour conséquence de reporter le déclenchement de la lutte armée. Vers trois heures du matin, la séance fut levée. Les militants s'étaient tous dispersés à l'exception de Bentobal, Habbachi et Mechati. Les membres du groupe des «22» ont estimé que la décision était précipitée, improvisée, et comme ils ne voulaient pas être désobligeants envers les autres, ils ont accepté sans mesurer les conséquences, qu'ils se soutenaient les uns les autres, plus pour sentimentalisme, car ils étaient tous des anciens de l'OS.
Boudiaf et toutes les personnes engagées soutenaient que la Révolution aurait lieu quel que soit le sort qui attendait ceux qui hésitaient ou qui se seraient désengagés. Le groupe de Constantine avaient peur du déclenchement de la Révolution, parce qu'il courait le risque de se faire arrêter par l'armée française, vu qu'ils étaient connus des services. Bentobal les a rassurés en leur disant qu'il leur faisait confiance, puisqu'il les écoutait et les conseillait, mais que pour éviter de compromettre le déclenchement de la Révolution et risquer d'être arrêté il leur faudrait soit rejoindre la lutte soit quitter leur maison.
Ce que craignait le groupe de Constantine s'est effectivement produit, après le déclenchement. Ils ont été arrêtés et ont tout avoué : depuis les préparatifs du CRUA jusqu' à la réunion des «22». Ils ont dévoilé l'organisation de Constantine et ont de ce fait causé un grand tort au déclenchement programmé à l'échelle nationale. Aucune opération n'avait été menée à Constantine, alors qu'une révolte avec des balles tirées aurait été plus efficace avec un impact médiatique beaucoup plus important que l'ensemble des balles tirées dans les villes comme Mila ou Smendou, qui ont activement participé. Malheureusement rien n'a eu lieu à Constantine ville, à cause de la défection du groupe de Constantine.
Lakhdar Bentobal disait «Mais est-ce le programme qui était vraiment en cause ? Ou est-ce plutôt les individus et la peur qui ne leur a pas permis de passer à l' action armée?» Mon père me disait que ces militants, même investis dans la Révolution n'étaient pas préparés à mourir. Ce n'était pas le programme ni l'organisation qui était la vraie raison de leur refus d'adhérer à la lutte armée mais surtout la peur de passer à l'étape suivante, celle de mettre en péril leur propre vie et faire face à la mort.
Je pourrais aller plus loin et relater les points essentiels sur lesquels s'articulait la position du groupe de Constantine mais ce n'est pas l'objet de ma réponse.
Après ce rappel succinct des faits historiques, comment peut-on, 51 ans après la grande victoire de la Révolution algérienne, salir un grand nom de la Révolution comme Bentobal, en tenant des propos mensongers, diffamatoires et surtout basés sur des oui-dire, qui n'ont ni fondement ni réalité et qui n'ont pour seul et unique écho que celui de la haine et de la division nationale. Comment ce Monsieur peut-il se prévaloir d'un quelconque avis sur la lutte armée alors que son implication dans un grand mouvement de l'indépendance s'est bornée à une défection de la première heure.
Mechati n'a même pas la pudeur de rapporter des faits vécus, il se contente de rapporter des ragots qui ne reposent sur aucun fait réel, des supputations et suppositions assassines qui font le lit de la discorde nationale. C'eut été plus honnête si Mechati avait tenu ces accusations du vivant des personnes mises en cause, peut-être que le petit crédit qu'on lui accorde aujourd'hui n'aurait pas raison d'être, ses actions tiennent plus d'outrecuidance que de bêtise. L'histoire de la Révolution algérienne appartient au peuple algérien et ne doit pas être falsifiée pour arranger l'intérêt de l'un ou de l'autre. Elle doit rester intouchable. Pour reprendre ce que m'a dit mon père, il y a quelques années : «La Révolution a engendré trois groupes de personnes, ceux qui l'ont construite, ceux qui se sont construits grâce à elle et ceux qu'elle a déféqués.»
L'Algérie est un beau et grand pays, elle est chargée d'histoire, de richesses humaines et naturelles, elle a compté dans ses rangs de grands chefs révolutionnaires épaulés par un peuple dévoué et patriote. Ce magnifique patrimoine, historique et humain, a permis à l'Algérie d'être là aujourd'hui la tête haute et enfin souverainne. Il est inadmissible, 51 ans après, de continuer à fomenter des procès d'intention, de mise à mort, à continuer à alimenter la discorde, qui abreuvent l'ignorance, la méchanceté et la jalousie qui font le lit des ennemis de l'Algérie.
Didouche Mourad considérait les personnes comme Mechati, qui ont abandonné et quitté le bateau après avoir donné leur parole et leur accord lors de la réunion des «22», concernant le déclenchement de la Révolution, comme des déserteurs. Il avait dit que ces gens devraient être, après l'indépendance, jugés pour trahison. Malheureusement, les grandes figures de la Révolution, comme Didouche Mourad ou Zighoud Youcef ont disparu bien avant l'indépendance et d'autres comme Lakhdar Bentobal ont continué le combat nonobstant les doutes et les difficultés. L'incertitude des lendemains qui taraude les consciences, le peu de moyens humains ou matériels, tout cela n'a pas entamé la détermination de mon père et de ses frères d'armes qui ont toujours cru et se sont impliqués dans la lutte armée pour un seul objectif : l'indépendance.
Le peuple algérien sait que de grands leaders l'ont libéré de son état voué à un esclavagisme certain, si ce n'était la guerre de libération. Mais l'appel des sirènes, à la manière d'Ulysse, perturbe sa perception et fausse son écoute. Je pense que le peuple algérien est intelligent et loin d'être naïf, il sait faire la différence entre un fonfaron qui déverse son fiel et salit les autres dans le seul but de servir sa propre cause et redorer son image, et celui dont les faits sont avérés et n'ont nul besoin de parade et de brassage d'air. Ses faits parlent largement pour lui et l'image n'est pas une finalité en soi.
De son vivant, mon père, Lakhdar Bentobal, n'aurait même pas donné crédit à ces inepties, ces querelles lui faisaient beaucoup de peine, mais il avait en lui cette modestie du devoir accompli. Il considérait que cette œuvre, pour laquelle il a consacré la plus grande partie de sa vie, avait trop de valeur pour qu'elle soit liée à l'humain et à ses vilenies. Tout ce qui l'intéressait, c'était l'aboutissement de son idéal, c'est-à-dire 1a liberté et l'indépendance de son pays, Lakhdar Bentobal a toujours eu le courage, l'engagement, le dévouement, l'intégrité, la vision, la sagesse et l'analyse politique nécessaires pour mener à bout cette mission l'indépendance de l'Algérie et la liberté des Algériens. Il a été un des hommes de cette indépendance. Il n'avait pas besoin de pérorer pour attirer l'attention, il lui suffisait de parler pour forcer le respect et l'écoute. Il avait cette grandeur des hommes libres el simples, cette authenticité qui s'est perdue.
Quel a été le parcours de Mechati depuis Salembier ?


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