Omar Fetmouche a estimé nécessaire, aujourd'hui, de faire revivre ce patrimoine afin que la jeunesse actuelle se le réapproprie et l'ancre dans leur identité, au lieu de se limiter à simplement reproduire les créations d'autrui, sans, toutefois, a-t-il ajouté, que cela se fasse dans un mouvement de repli et d'enfermement sur soi. De son côté, El Hachemi Assad, directeur du Haut-Commissariat à l'amazighité, a souligné l'importance de ce colloque et du partenariat qui s'est noué à l'occasion de cette rencontre scientifique, soulignant la qualité des participants dont les communications, promet-il, seront publiées prochainement sous forme d'actes. Concernant la problématique traitée, il estime que ce colloque ouvre la voie sur un important axe de recherche qui pourrait aboutir à la mise en place d'un centre d'études, d'un laboratoire et d'une filière universitaire. De son côté, Djamil Aïssani, président de l'association Gehimab, s'est attardé à rappeler que la délocalisation du festival international du théâtre d'Alger à Béjaïa a été un succès qui ne s'est pas démenti depuis, conférant une certaine aura à l'ancienne capitale des Hammadites, ajoutant que la démarche scientifique qui sous-tend la tenue du festival a également permis de faire connaître, au-delà de nos frontières, les anciens savants de la région et son passé culturel. La première communication proposée à l'assistance consistait en une étude faite par Fanny Colonna, actuellement directrice de recherche au CNRS IRIS/EHESS (Paris, France), sur l'art et la pratique sociale des énigmes populaires dans les Aurès à travers un corpus de 620 devinettes collectées par le père Antoine Giacobetti en 1916, dans les deux langues, arabe et berbère. L'auditoire a eu droit, ensuite, à un tableau de l'art théâtral japonais ancien, comme le théâtre nô et le kabuki, leurs imbrications étroites avec l'art musical. Cette conférence a été présentée par Satoshi Udo, maître de conférences à l'université de Kagoshima (Japon), qui est également animateur fondateur de l'Association japonaise des études de la littérature maghrébine qui organisa en 2012 la « Journée Mouloud Feraoun » à Tokyo où il a soutenu sa thèse sur Kateb Yacine et prépare actuellement une représentation-lecture du Cadavre encerclé. Il est également auteur de plusieurs articles sur la littérature algérienne et s'attelle à mettre en réseau les différents laboratoires d'études de la littérature maghrébine en Asie. Pour sa part, Abdenour Abdeslam, auteur de plusieurs écrits sur la langue et la culture berbère, dira que le théâtre ne devrait pas être défini comme uniquement l'art d'écrire pour la scène. Valable pour les lieux de représentations clos, cette définition exclut les formes orales qui exploitent tout espace valide pour la tenue d'un spectacle qui, dans la tradition kabyle, est une expression spontanée du verbe en tout lieu de la vie sociale. Il citera quelques extraits plaisants de joutes oratoires qu'il a eu soin de recueillir. Il estime nécessaire la sauvegarde de ces formes d'expression, tout en mettant en valeur leur aspect linguistique car comportant un vocabulaire souvent oublié et qui peut être remis au goût du jour dans plusieurs disciplines. La seconde session prévue lors de cette journée était relative aux carnavals et masques. Tassadit Yacine, directrice d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris (France), s'est attelée à montrer leur existence dans la culture nord-africaine, notamment à travers la mascarade, tout en s'interrogeant sur les causes de leur déclin dans l'aire berbère. Sur ce même thème, M'hand Zerdoumi (université d'Alger) a présenté le Carnaval Chaïb Achoura qui a lieu dans les Aurès et à Tkout, tandis que Aziz Mahboub (enseignant chercheur à Tlemcen) s'est penché sur le carnaval d'Ayred. Des documentaires sur les carnavals Anzar (à El Kseur, Béjaïa), Ishu (Béchar) et du Sud marocain ont été également projetés, outre les débats qui ont suivi les différentes communications.