L'ambassade du Japon en Algérie organise, au courant de ce mois, une pièce théâtrale à la salle Ibn Zeydoun et une exposition de photographie au Bastion 23 à Alger. Le premier spectacle sera donné le 19 janvier, à partir de 18h30, à la salle Ibn Zeydoun à Alger. Pour rappel, le théâtre nô est un des styles traditionnels de théâtre japonais venant d'une conception religieuse et aristocratique de la vie. Le nô allie des chroniques en vers à des pantomimes dansées. Arborant des costumes somptueux et des masques spécifiques (il y a 138 masques différents), les acteurs jouent essentiellement pour les shoguns et les samouraïs. Le théâtre nô est composé de drames lyriques des XIVe et XVe siècles, au jeu dépouillé et codifié. Ses acteurs sont accompagnés par un petit orchestre et un chœur. Leur gestuelle est stylisée autant que la parole qui semble chantée. La gestuelle est entrecoupée par les fameux miiye qu'ont représenté les graveurs d'acteurs japonais. Ce sont des arrêts prolongés dans le temps du geste et de la mimique afin d'en accroître l'intensité. Le drame, dont le protagoniste est couvert d'un masque, était joué les jours de fête dans les sanctuaires. Ses acteurs, protégés par les daimyos et les shoguns, transmettent depuis lors, de père en fils, les secrets de leur art. Le nô a évolué de diverses manières dans l'art populaire et aristocratique. Il formera aussi la base d'autres formes dramatiques comme le kabuki. Après que Zeami ait fixé les règles du nô, le répertoire s'est figé vers la fin du XVIe siècle et nous demeure encore intact. Le nô est unique dans son charme subtil et son utilisation de masques distinctifs. Lorsqu'ils mettent le masque, les acteurs quittent symboliquement leur personnalité propre pour interpréter les personnages qu'ils vont incarner. Au lieu de narrer une intrigue compliquée, le théâtre nô, hautement stylisé et simplifié, développe donc une simple émotion ou une atmosphère. Fonctionnant sur le même mode que les autocaricatures, la théâtralité permet de passer à une autre interprétation de soi. Le nô fut une des premières formes d'art dramatique à être inscrite en 2008 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO, étant un des types de théâtre du nÿgaku conjointement au kyÿgen. La pièce qui sera jouée à Alger est intitulée Kakitsubata. Il s'agit d'une pièce qui date de 250 ans. Cette pièce appartient aux femmes. La trame de l'histoire tourne autour d'un moine boudhiste en déplacement de Kyoto (capitale de l'époque) vers la région de l'Est. Il découvre que les Kakitsubuta sont en pleine floraison le long du pont et de la rivière de Yatsuhashi dans l'Etat du Mikawa. Quand il regarde ces belles plantes, une femme du village apparaît et lui raconte que le nom du village était Yatsuhashi (huit ponts) et qu'il était célèbre pour la beauté des kakitshubata. Elle lui explique que jadis le poète Ariwara no Narihira fut un wka (un poème) pour louer la beauté des kakitsubata à Yatsuhashi. Elle invite par la suite le moine chez elle. Elle apparut dans cette maison, dans une belle robe avec une couronne brillante. Elle lui dit que la couronne n'est autre que le souvenir d'Airwara no Narihira et que la robe, celle de son aimante. Surpris par ses mots, le moine lui demande alors qui elle était ? Elle lui révèle qu'elle est l'esprit de Kakitsubata. Le deuxième rendez-vous culturel n'est autre qu'une exposition de photographies japonaises contemporaines. Elle se déroulera au Bastion d'Alger. Intitulée «Counter photography», cette exposition livrera, à coup sûr, des clichés montrant toute la richesse de la civilisation japonaise.