La première édition du Festival culturel maghrébin du cinéma a été inaugurée par le long métrage de Selma Bargach « La cinquième corde », un mélodrame dans lequel la musique offre des alternatives de changement à une jeunesse en quête d'ouverture vers un nouveau monde, approprié à ses aspirations. Premier long métrage de la cinéaste marocaine qui en a également écrit le scénario, « La cinquième corde », une fiction de 98 minutes, répercute sur le grand écran un nouveau regard en quête de tolérance traduisant la nécessité d'une nouvelle vision sur une culture enracinée depuis des siècles. Réalisé en 2011, le long métrage, qui a obtenu plusieurs distinctions et participé à des rencontres internationales, relate le parcours créatif de Malek, un passionné de luth, qui, voulant encore progresser, arrive chez son oncle Amir, maître de musique et détenteur du secret de la 5e corde, symbole de renouveau que Ziryab a ajouté à son « Oud » au VIIIe siècle. Rencontrant Laura, Malek affiche clairement son obstination à vouloir percer le mystère de la 5e corde, signe d'une volonté prononcée à se libérer du conservatisme de son oncle qui devient furieux lorsqu'il entend son neveu jouer sa première composition où le luth n'est plus dans la tradition mais dans un mélange de sonorités jazz, aux allures modernistes. « Le parcours de Malek, jalonné d'épreuves, est aussi celui de centaines de jeunes incompris et sans soutien, vivant en marge de la société », explique Selma Bargach, avant d'ajouter : « C'est aussi celui de ceux qui ont gardé l'espoir et qui ont su s'inscrire dans une énergie fertile. » « La présence dans une fiction marocaine du comédien tunisien Ali Esmili, dans le rôle de Malek et celle de Safy Boutella, qui a signé la musique du film, mettent en valeur cette synergie dans le fait culturel qui a permis, entre autres, la réussite de ce projet », a noté un observateur. Née à Casablanca, Selma Bargach étudie l'art et le cinéma expérimental à la Sorbonne, à Paris. Elle a réalisé des courts-métrages avant de se lancer dans le long-métrage et a soutenu un doctorat sur le thème : « Le statut et le rôle de la femme dans le cinéma marocain ».