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La secte des assassins
Des hommes et des mythes
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 12 - 2009

La première victime de la secte des assassins fut Nizam El Moulk, vizir du sultan de la Perse. Cet acte criminel fut commis un vendredi du mois de Ramadhan, le 16 octobre 1092 par un membre de la secte de Hassan Sebbah nommé Bou Tahir Arrani.
Ainsi, commentait la longue série d'assassinats qui touchaient les souverains, les princes, les généraux, les gouverneurs ainsi que les théologiens et les citoyens qui ne cautionnent pas la doctrine ismaélienne réformée selon Hassen Sebbah.
Hassen Sebbah le grand maître des assassins qui, à partir de son château à Alamout (Perse), commanditait des meurtres spectaculaires, naquit dans la cité de Koum vers le milieu du XIe siècle. Il s'installe avec son frère à Roujy, près de Téhéran où il poursuit son éducation religieuse. Dans un fragment autobiographique conservé par des histoires, il nous relate cette période de vie «dans mon enfance, dès l'âge de sept ans, je me pris de passion pour toutes les formes du savoir ; je voulais devenir docteur de la loi».
Un jour, il rencontra Amira Zarrab, un imam ismaélien. Par la suite, Hassen et son maître se séparent, et il resta sur sa faim. Il continua ses recherches et lut des livres ismaéliens, mais resta toujours insatisfait, car il voulait en savoir plus. Une grave maladie le terrassa, il se disait alors «mon heure est maintenant arrivée et je mourrai sans avoir atteint la vérité».
La vérité ! Il avait plutôt peur de mourir sans savoir assouvi son instinct de criminel
Hassen ne mourut pas. Une fois rétabli, il acheva son éducation. Ce fut Abd-El-Malik Ibn Attach Chef de mission ismaélienne en perse et en Irak qui lui donna cette éducation.
Selon Edward Fitzgerald dans la préface à sa traduction des Roubaiyat, Hassen Sebbah, le poète Omar Khayyam et le vizir Nizam El Moulk avaient été les condisciples du même professeur. Ils avaient fait le serment que le premier d'entre eux qui parviendrait au succès et à la fortune aiderait les autres. Lorsque Nizam El Moulk devint vizir du sultan, ses anciens compagnons d'études firent valoir le pacte conclu. On leur proposa un poste de gouverneur qu'ils refusent pour des raisons différentes. Omar Khayyam fuyant les responsabilités et Hassen Sebbah réclame une haute charge à la cour. Son désir satisfait, il devient un dangereux rival pour son ami Nizam El Moulk en se portant candidat à la vizirat. Alors, Nizam complota contre lui et le discrédita aux yeux du sultan. Hassen Sebbah s'enfuit en Egypte et prépare sa revanche.
Hassen Sebbah devait venir en Afrique du Nord
D'autres histoires ont donné une autre explication du départ de Hassen. Selon eux, il eut des démêlés avec les autorités de Roujy qui l'accusaient d'abriter des agents égyptiens et d'être un dangereux agitateur. Hassen Sebbah fera un long périple, le menant à Ispahan, Azerbaïdjan, puis à Damas, Beyrouth, la Palestine et s'embarqua non sans difficultés pour l'Egypte , il eut des démêles avec le chef des armes Badr El Djamali. Il fut emprisonné puis déporté hors du pays. Il devait venir en Afrique du Nord, mais le navire qui le transportait fit naufrage : il fut sauvé et conduit en Syrie et à Ispahan. Durant ce périple de neuf ans, il faisait la propagande pour la secte.
Hassen Sebbah s'installe en fin de compte dans une région montagneuse du Dailam (Perse). Ses habitants étaient de grands guerriers que les anciens maîtres de l'Iran ne sont jamais arrivés à soumettre. Cette population, à prédominance chiite, était déjà fortement touchée par la propagande de la secte de Hassen Sebbah, ce qui l'arrangeait parfaitement pour mener à bien sa mission qui était l'assassinat. Ses interminables déplacements n'avaient pas pour seul objectif de convertir les gens à sa cause, mais il cherchait un quartier général où il serait en sécurité. C'est Alamout bâti à plus de 1800 m d'altitude qui domine une grande vallée fertile.
Pour certains historiens, ce château fut construit par le roi du Dailam. Un jour de chasse, celui-ci avait lâché son aigle dressé, et l'oiseau était allé se poser sur l'éperon rocheux. Voyant ce lieu, il fit construire sur le champ un château qu'il appela Alamout qui veut dire dans la langue locale «nid d'aigle». Selon Rachid Eddine, Hassen Sebbah depuis son arrivée jusqu'à sa mort au château (35 ans) il ne le quitta qu'en deux occasion, pour monter sur le toit. Hassen s'empare d'autres places proches d'Alamout. Il les gagna par la ruse de sa propagande mais surtout par le massacre, le rapt, le pillage et l'effusion de sang.
Le paradis des assassins
Dans un récit du célèbre voyageur, Maroc Polo décrivait ainsi la forteresse et la vallée d'Alamout : «Le vieil homme avait fait enclore, en une vallée, entre deux montagnes, le plus beau, le plus grand jardin qu'on vit jamais plein de fruits. Il y avait des canaux qui transportaient du vin, du lait, du miel et de l'eau. Et c'était plein de femmes, les plus belles du monde, qui savent jouer de tous instruments, chanter et danser.»
«En ce jardin, disait Maroc Polo, aucune personne n'entêtai sauf ceux dont il voulait faire des assassins. Il avait des jeunes de 12 à 20 ans. Il leur faisait boire un brevetasse qui les endormait puis les faisait emporter dans son jardin. Quand ils se réveillaient, ils se trouvaient entourés de belles femmes dans ce jardin plein de fruits. Et le vieil homme les faisait venir devant lui et leur demandait : d'où venez-vous ? Ils répondaient «du paradis.» alors, les autres qui ne l'ont pas vu désiraient y aller et voudraient mourir pour y aller. Quand le vieil homme voulait faire assassiner quelqu'un, il leur disait : allez tuer telle personne et quand vous reviendrez, où vous mourez, je vous ferai porter par mes anges au paradis».
Hassen Sebbah savait que sa doctrine ne pouvait l'emporter sur l'orthodoxie profondément enracinée de l'islam sunnite et que ses partisans ne pouvaient lutter avec succès contre la puissance armée de l'état Seldjoukide. D'autres avant lui auraient exprimé leurs frustrations par la violence, mais ne sont pas arrivée à leur but.
Hassen Sebbah écrivait une lettre à Omar Khayyam lui demandant de venir dans son château
Selon Bernard Lewis, Hassen Sebbah révéla son génie politique en sachant percevoir cette faiblesse des monarchies islamiques. Il montra aussi de remarquables talents administratifs et stratégiques en exploitant cette faiblesse par le terrorisme.
Hassen Sebbah a trouvé la religion ismaélienne reformée, avec son passé de martyre et passion, ses promesses d'un accomplissement divin et humain. Ce fut aussi la fidélité des assassins à leur maître qui fit de leur nom un symbole de foi et de sacrifice avant qu'il ne devienne synonyme de meurtrier.
Hassen Sebbah écrivait une lettre à Omar Khayyam lui demandant de venir dans son château afin qu'il soit en sécurité. Omar Khayyam lui répondit en ce sens : «Comment peut-on s'entendre, alors que toi tu prônes la mort ; tandis que moi je suis un adepte de la vie.» Amin Maalouf parle de la secte dans son roman Samarcande.
Dans une autre correspondance, il lui demande ce qu'il faut faire pour être sur le droit chemin : «Tout simplement le contraire de ce que tu fais actuellement.»
Trois personnes ont marqué à leur façon les débuts de notre millénaire : Omar Khayyam a observé le monde, Nizam El Moulk l'a gouverné et Hassen Sebbah l'a terrorisé.


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