Les entreprises algériennes ne s'impliquent pas dans le système normatif. Beaucoup demandent à l'Institut algérien de normalisation (Ianor) d'élaborer des normes pour leurs produits mais n'assistent pas aux séances de travail des comités techniques, a déploré, hier à Alger, la directrice générale de l'Ianor, Ratiba Chibani, lors de l'atelier sur « le système normatif algérien, état des lieux et perspectives », organisé par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). Les chefs d'entreprises attendent que l'Ianor se rapproche d'eux, a signalé Mme Chibani, en ajoutant qu'« ils ne participent pas au financement de la démarche vers l'élaboration de la norme qui leur sert à protéger leurs produits et les rend compétitifs ». « Certaines entreprises saisissent par écrit l'Ianor mais ne viennent pas assister au comité technique pour parler de leurs attentes et participer aux travaux », a-t-elle dénoncé. Elle a relevé aussi que « l'élaboration des normes n'est pas gratuite car l'Etat la finance ». Par comparaison, en France, les entreprises payent leur adhésion à l'Association française de normalisation (Afnor). En outre, le transfert des normes en règlements techniques, qui permettent leur application, est aussi payant, a-t-elle souligné. Actuellement, il existe 69 comités techniques relevant de l'Ianor, 10.000 normes ont été examinées et 600 experts travaillent sur les normes alors que l'effectif de l'Ianor est de 100 personnes. L'institut possède une collection de 7.000 normes dont peu de normes algériennes, selon Mme Chibani. Et pour cause, le problème est que « l'Ianor ne connaît pas les besoins des entreprises », a-t-elle avancé. A ce jour, seulement 30 produits sont certifiés en Algérie. « L'élaboration des normes n'est pas gratuite » Pourtant, comme l'a rappelé Djenidi Bendaoud, expert en normalisation, « l'apport des normes représente 1.000 fois les frais engagés pour participer à ces comités internationaux ». D'autant que « les normes constituent une garantie » et « permettent d'écarter les entreprises qui ne les respectent pas ». Pour sa part, Kaddour Bentahar, directeur de la législation à la Douane, a indiqué que « 7.000 normes sont déjà établies mais elles ne sont pas traduites, au niveau de l'application, par des règlements techniques ». Dans le cadre de la protection des marques de fabrication, une vingtaine de fabricants étrangers ont sollicité les Douane algérienne et ont mis à sa disposition leurs spécificités techniques pour protéger leurs marques aux frontières. Pour illustrer des modèles d'entreprise ayant participé à l'élaboration de normes, le cas de BCR est éloquent, puisque ce Groupe finance des formations d'inspecteurs, a déclaré son P-DG, Amar Halimi. Victime de la contrefaçon, qui lui a fait perdre entre 20 et 30% de part de marché, depuis 1993, la marque aux 33 modèles et dessins de produits enregistrés à l'Inapi, a demandé l'élaboration d'un règlement technique. Aujourd'hui, les produits de BCR sont inscrits dans la nomenclature des produits à contrôler systématiquement au même titre que les produits alimentaires. En marge de cet atelier, une convention a été signée entre l'Ianor et le FCE pour permettre aux entreprises adhérentes de faire la démarche normative.