L'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a déclaré, mardi lors d'une rencontre dans la capitale suisse avec des responsables russes et américains : « Il doit y avoir deux délégations pour la Syrie à Genève 2, le gouvernement et l'opposition ». Pari difficile dans la mesure où l'opposition syrienne établie à l'étranger demeure profondément divisée, et manifestement hostile aux négociations telles que conçues Moscou et Washington. Mais sous la pression de ses principaux alliés, le groupe des Amis de la Syrie, celle-ci devrait obligatoirement trancher, sachant la participation, officiellement annoncée, du gouvernement syrien. C'est pourquoi, l'ensemble de ses courants, réunis sous l'égide d'une Coalition présidée par Ahmed Al Djarba, discutait hier à Istanbul en Turquie de leur participation ou non à la conférence de paix. Mais la tâche n'est pas aisée pour les partisans de la conférence qui demeurent minoritaires. M. Al Djarba avait déjà fixé des conditions très strictes à un éventuel déplacement sur les berges du lac Léman. Il exige notamment que la conférence de Genève aboutisse au départ du président Bachar al Assad, un scénario exclu par le régime de Damas. La principale composante de l'opposition, le Conseil national syrien (CNS), a assuré qu'elle ne ferait pas le voyage en Suisse et a même menacé de claquer la porte de la Coalition si certains de ses membres y consentaient. Une vingtaine de groupes terroristes, affiliés à al Qaïda, ont menacé de juger pour « trahison » ceux qui seraient tentés de négocier, laissant clairement entendre qu'ils seraient purement et simplement exécutés. Ainsi, une participation de la principale vitrine politique des adversaires du régime syrien paraît donc hautement improbable malgré les pressions de leurs alliés occidentaux. Tout se décidera aujourd'hui en fin de journée à l'issue de la réunion. Néanmoins, la Coalition d'Istanbul telle que désignée par les pro Assad, est loin d'être la seule représentante du peuple syrien. Plusieurs partis de l'opposition interne, les Kurdes, ainsi que des personnalités connues pour leur animosité au régime syrien, à l'image de l'ancien vice-premier ministre syrien, Qadri Jamil, récemment démis de ses fonctions, ont fait part de leur intention de se rendre à Genève.