Affaiblie par la crise économique et sociale, l'Europe est, de nouveau, confrontée à ses vieux démons xénophobes qui n'ont jamais été aussi influents depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Finie l'opposition extra-muros, l'extrême droite européenne entend mener sa « guerre » contre l'Union européenne, au cœur même de celle-ci : le Parlement européen qui compte déjà un groupe europhobe, Europe liberté démocratie (EFD), dirigé par le Britannique Nigel Farage. Avec 32 députés, ce groupe a un poids politique négligeable. Forte de son ancrage populaire de plus en plus croissant, dans l'establishment tant français qu'européen, la présidente du Front national, Marine le Pen, s'était rendue, hier, à La Haye, pour discuter avec le chef de file de l'extrême droite néerlandaise, Geert Wilders d'une alliance entre eurosceptiques en vue des élections européennes de mai 2014. Il s'agit de la seconde réunion du genre entre ces deux porte-flambeaux de la xénophobie européenne, bien décidés à faire front commun. Ils veulent également unifier plusieurs mouvements europhobes au Parlement européen en vue de former un groupe politique en mesure de faire entendre sa voix au niveau continental. Pour composer un groupe politique, il faut 25 députés élus sur un total de 766 dans au moins un quart des Etats membres de l'UE. Siéger dans un groupe politique permet de disposer de moyens offerts par le Parlement : collaborateurs, secrétariat, bureaux, salles de réunion, traduction, budget pour la communication, mais aussi de temps de parole proportionnel à la taille du groupe. Si le nombre d'élus eurosceptiques sera sans aucun doute supérieur à 25 lors des élections de mai 2014, il n'est pas certain qu'ils soient capables de se coaliser, l'extrême droite européenne étant fortement morcelée. Le groupe envisagé par Mme Le Pen et M. Wilders pourrait inclure, entre autres, le parti belge Vlaams Belang, la Ligue du Nord italienne, l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) et le Parti de la liberté autrichien (FPÖ). Mais Mme Le Pen et M. Wilders ont exclu de s'associer, par exemple, avec les Hongrois du Jobbik et d'autres députés nationalistes slovaques, roumains et bulgares, accusés de dérives racistes. Face à la montée vertigineuse de l'extrême de droite en France, marquée par les huées dont a été victime le président français François Hollande, en plein Champs-Elysées, le premier secrétaire du Parti socialiste français, Harlem Désir, a appelé les « républicains » à se révolter contre cette mouvance. Le cri de ralliement du premier des socialistes vaut tout un programme. En victime du racisme ordinaire, au même titre que la grade des Sceaux Christine Taubira, brocardé encore une fois par l'hebdomadaire Minute, proche de l'extrême droite, l'ancien secrétaire d'Etat et député du Finistère, Kofi Yamgane, lance un réquisitoire contre les dérives xénophobes et racistes. « La France n'est pas devenue raciste, la France a été toujours raciste. Sauf qu'il y a eu un moment où le racisme en France sous la République n'étant pas une opinion mais un délit, les gens en avaient honte, ils parlaient sous le manteau. Aujourd'hui, les langues se sont déliées parce qu'il y a eu quelques événements graves. » Le racisme au cœur de la République ?