En Algérie, « les secteurs convoités par le tourisme et la pêche sont des espaces vulnérables en plus des menaces par les hydrocarbures, les changements climatiques et l'urbanisation », a déclaré, hier, à Alger, Samir Grimes, représentant du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement. C'est pourquoi, il est nécessaire d'avoir des indicateurs côtiers et une gestion intégrée des zones côtières (GIZC) en Algérie, afin de permettre aux autorités d'effectuer des arbitrages, a souligné M. Grimes lors de l'atelier sous-régional pour le Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie) sur les GIZC. L'objectif, pour lui, est d'« établir des ponts entre la science et la prise de décision ». Car l'utilisation des indicateurs est une « problématique relativement récente qui s'est imposée lors de l'élaboration du plan d'action national pour l'environnement et le développement durable (PNEA-DD) », a-t-il précisé. Ces indicateurs, en plus de la gestion intégrée des zones côtières en Algérie, permettent une coordination entre les différents acteurs, institutions, société civile et universités, qui interviennent directement ou indirectement dans un espace côtier ou marine ou les deux. Depuis l'entrée en vigueur en mars 2011 du protocole GIZC en Méditerranée, et dans le cadre du projet Pegaso (People for Ecosystem Based Governance in Assessing Sustainable Development of Ocean and Coast) de l'Université autonome de Barcelone (UAB), les récentes expériences ont permis, entre autres, de réduire les pertes et mauvaises utilisation de l'eau lors de son transport. A titre indicatif, le potentiel d'eau pouvant être économisé est de 24% de la demande actuelle. L'Algérois a constitué un espace où des expériences ont été menées dont la zone côtière de Tipaza, une des quatre wilayas du PAC (Plan d'aménagement côtier) en rapport avec les zones d'activité et de développement touristiques qui se sont appuyées sur les indicateurs GIZC. La côte algéroise étouffée par l'avancée du béton L'urbanisation est une autre menace pour les côtes algériennes dont celle de l'Algérois. Selon MM. Grimes et Abbad, « d'une manière globale, toutes les communes ont connu une évolution de leur tissu urbain ». En 2013, la wilaya d'Alger est urbanisée à 42%, alors que son linéaire côtier est à 70% et la zone de servitude n'est pas épargnée avec un taux d'urbanisation dépassant les 60% pour les deux années (entre 2011 et 2013). Plusieurs communes sont à 100% urbanisées dont Bab El Oued, La Casbah, Alger-Centre, El Hamma et Hussein-Dey. Pour les cas de Reghaïa et Heuraoua, dont le linéaire côtier reste encore vierge, ce taux ne dépasse pas les 40%. Les communes de Bab El Oued, Raïs Hamidou et Bologhine sont des zones très artificialisées avec un taux de 70% de surface urbanisée et un linéaire côtier occupé à 100%. Les communes de Aïn Benian, Bordj El Kiffan et Bordj El Bahri subissent le même sort. Pour Aïn Taya et El Marsa, il est de 44% pour la première et 42% pour la seconde. Zeralda est une commune moins urbanisée, soit 17% avec un linéaire côtier à 15% urbanisé. Pour la conurbation (agglomération urbaine formée de plusieurs villes qui se sont rejointes au cours de leur croissance, mais qui ont conservé leur statut administratif), la loi 02-02 stipule que l'extension de deux agglomérations adjacentes situées sur le littoral est interdite, à moins que la distance les séparant soit de 5 kilomètres au moins du littoral. Or, aucune commune n'a respecté cette distance. Pire encore, « les routes, voies ferrées, ports et aéroports ont été réalisés pour l'essentiel sur la frange du littoral souvent au détriment des terres fertiles », signale M. Grimes. Ce qui a engendré « des pertes considérables générées par le développement urbain et économique ».