Comme à chaque Ramadhan, les opérations de circoncision des enfants sont souvent organisées par des associations caritatives, des entreprises et autres organismes au profit des familles qui n'arrivent pas à accomplir ce rituel de purification faute de moyens financiers. Ainsi, les associations et les bienfaiteurs s'affairent-ils à organiser ces circoncisions lors des 15e et 27e jours du mois sacré. Pour les Scouts musulmans algériens (SMA), l'opération de cette année lancée conjointement avec la wilaya d'Alger, consiste à circoncire 400 enfants issus de familles démunies de 14 communes de la capitale. L'opération est programmée pour le 26e jour du Ramadhan à l'occasion de la célébration de la Nuit du destin. Si pour certaines familles, le recours à l'aide des associations est salutaire, il n'en demeure pas moins qu'il est appréhendé par d'autres. Le drame des enfants d'El Khroub est encore vivace dans les esprits. Ceci a, d'ailleurs, poussé le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière à émettre, en juin 2006, une instruction stipulant que la circoncision est exclusivement du ressort des chirurgiens, aussi bien pour le secteur public que pour le secteur privé. Cette instruction est venue pour prévenir d'éventuels accidents ou complications qui y sont liés. Mais en dépit de ce texte, chaque année pendant et après le 27e jour du Ramadhan, les structures de santé sont assaillies d'enfants victimes de complications de circoncision et de parents angoissés face à d'éventuels troubles. D'après le Dr Djamel Eddine Oulmane, spécialisé dans la communication sur la santé, ces conséquences ne peuvent être évitées si on continue à effectuer des circoncisions collectives. «Car, la hantise des accidents est présente chez de nombreux praticiens qui sont conscients du fait que malgré leur professionnalisme et toute leur volonté, la pression sociale des circoncisions collectives du 27e jour du mois de Ramadhan augmente les risques de complications», affirme-t-il. « La circoncision d'un grand nombre d'enfants à la fois peut se transformer en une série de gestes faits à la chaîne et donc plus risqués que des gestes accomplis à un rythme adapté et qui donnent le temps de travailler en toute tranquillité», prévient-il. Il affirme en outre que «ce geste chirurgical, qui n'est pas anodin, peut se faire tranquillement, en dehors de toute pression dans de très bonnes conditions tout au long de l'année, ce qui permet de minimiser au maximum les risques pour nos enfants», estime le Dr Oulmane.