L'Algérie compte 70 barrages d'eau d'une capacité totale de 7,1 milliards de mètres cubes. A l'horizon 2030, elle disposera d'un patrimoine de 139 barrages, fait unique en Afrique, d'une capacité de 12 milliards de mètres cubes. Un patrimoine à protéger contre les aléas sismiques notamment, qui font l'objet depuis hier d'un colloque international à Alger. A préserver aussi contre la menace de changement climatique qui guette la région ouest de la Méditerranée. Car, selon les experts, la région sera confrontée à un sérieux problème d'eau à cause du réchauffement climatique. Mais pas pour le moment, en Algérie du moins, où le taux de remplissage est, après les dernières pluies, de 69%, selon le ministre des Eessources en eau, Hocine Necib. Concernant le colloque, le ministre a précisé que son but premier est l'acquisition, par nos ingénieurs et étudiants, des nouvelles technologies dans la protection des barrages contre les aléas sismiques. Necib soutient que nos barrages, conçus et calculés sur la base des recommandations de la Commission internationale des grands barrages et dotés de systèmes d'auscultation, sont totalement sécurisés. « Les séismes d'El Asnam et de Boumerdès nous ont permis de vérifier la solidité de nos barrages qui ont parfaitement résisté à ces deux chocs violents et successifs. Ces tests à grande échelle nous rassurent sur la fiabilité des conceptions et la qualité de la réalisation de ces ouvrages », a-t-il affirmé, assurant que les populations, celles habitant notamment sur les rives des barrages, n'ont rien à craindre. En outre, tous les barrages, relève le directeur de l'Agence nationale des barrages et transferts, Saïd Abbas, sont équipés en accéléromètres et en sismographes qui constituent le dispositif de surveillance. « Une structure technique spécifiquement chargée du suivi de l'aléa sismique est en cours de création au sein de l'agence », a-t-il signalé. Mais étant donné que le risque zéro est inexistant, comme le fait remarquer le Pr Meghraoui, chercheur à l'Université de Strasbourg, le suivi est nécessaire et la recherche dans ce secteur est très importante. D'où le partenariat qui sera signé prochainement entre le ministère des Ressources en eau et celui de l'Enseignement supérieur qui comprend notamment des programmes sur les préoccupations des ressources en eau sur le terrain. « Il ne s'agira pas seulement de trouver des solutions innovantes contre les aléas sismiques, il est aussi question de faire face aux autres problématiques qui touchent le secteur d'une façon globale en encourageant surtout la recherche appliquée. Nous souhaitons également une ouverture vers les universités internationales », a observé M. Necib en annonçant la création, prochainement, d'un comité sectoriel de recherche au niveau de son département. De son côté, Mohamed Mebarki, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, s'engage à développer des formations dédiées exclusivement au secteur hydraulique, dans le cadre notamment du système LMD (licence, master, doctorat). « Il faut savoir que l'eau figure parmi les préoccupations principales de la recherche scientifique, d'autant plus que nous subissons déjà l'impact du changement climatique », a-t-il rappelé. L'autre objectif de ce colloque, selon le ministre des Ressources en eau, est de relancer l'activité algérienne au sein de la Commission internationale des grands barrages. A ce propos, Bernard Tardieu, président de la Commission énergie et changements climatiques en France, a estimé que l'Algérie a beaucoup apporté en matière de barrages au sein de la Commission internationale mais que cette dernière espère que son rôle sera encore plus actif.