La chorba. Voilà un mets qui remporte tous les suffrages durant le mois sacré. Un jour de Ramadhan sans chorba ? Quelle femme osera ce « sacrilège » aux yeux de son époux ou de ses enfants ? Plus qu'un plat traditionnel, cette soupe devient durant trente jours un repère, un sujet de discussions, un phantasme culinaire, une bouée de sauvetage dans un océan de faim. C'est que ce fameux plat rehausse et donne goût au f'tour de Ramadhan. La chorba est le plat convivial par excellence. Ne dit-on pas qu'on se retrouve autour d'une chorba comme on se retrouve autour d'un couscous durant les jours ordinaires ? Autour d'elle, c'est toujours une ambiance typique qui règne autour de la table. Préparée avec du poulet ou plus souvent avec la viande d'agneau, ce plat est devenu un art culinaire. Au point même que certains ne conçoivent pas la rupture du jeûne sans chorba. C'est devenu une recette traditionnelle qui marque les mœurs algériennes, particulièrement durant cette période de l'année. Plus, la chorba vient toujours en entrée. «Tant pis si le plat de résistance est absent, l'essentiel est là», diront les fans. La chorba dégage toutefois une énigme. Comment se fait-il que les Algériens dégustent ce plat pendant les 30 jours du Ramadhan sans s'en lasser ? Contrairement aux autres jours de l'année où tout consommateur qui se respecte serait contrarié à l'idée de manger le même plat pendant deux à trois jours consécutifs, cette soupe n'ennuie jamais le palais durant le mois de jeûne. C'est dire que ce plat a sa particularité. «Si cette petite chose me manque, rien ne va», observe Rachid, un mordu de chorba. Et d'ajouter : «C'est comme si la table était vide». Pour sa part, Dalila souligne que son époux en redemande tous les jours. «Je ne trouve pas d'explications à cela», dit-elle. Nombreux sont ceux qui exigent la chorba à table. Moufida est une mère de famille. Son mari ne conçoit pas un Ramadhan sans ce mets. «C'est psychique», estime-t-elle. Cette passion pour la fameuse soupe convient bien à Nora : un plat facile à préparer et qui ne demande pas trop de temps. «Il est aussi facile à digérer», précise-t-elle. Pour Mehdi, déguster une chorba durant le Ramadan est devenu un rituel. «C'est plus pour l'ambiance que pour couper la faim», pense-t-il. Pour d'autres, bien que la chorba soit un plat typique, voire original, qui rappelle le bon vieil Alger, il n'en demeure pas moins qu'il faut varier les mets et opter parfois pour un potage aux légumes ou une chorba blanche histoire d'équilibrer son alimentation. Savoureux et consistant, ce plat constitue le mets principal auquel se réfèrent les gourmands pour la rupture du jeûne.