Une conférence sur le thème « la spoliation des terres agricoles au profit des colons » a été organisée, hier, au forum de la mémoire d'El Moudjahid à l'initiative de l'association Machaâl Echahid. « C'est un sujet important intimement lié à la personnalité et l'identité de l'Algérien infiniment attaché à sa terre natale et soucieux de la préserver de toute spoliation », a précisé d'emblée Mohamed Lahcen Zeghidi, chercheur universitaire. De ce fait, il dit que le sujet mérite une réflexion profonde et approfondie, notamment dans son aspect académique. Il a souligné que la France coloniale est venue pour y rester. « L'idée de coloniser notre pays, affirme-t-il, n'est pas venue du jour au lendemain. Elle a été minutieusement calculée par l'administration française avec l'objectif de faire de l'Algérie une porte de l'Europe qui passe par la spoliation de son espace agricole. Des lois, des décrets ont été élaborés afin de consacrer définitivement la mainmise des colons sur les terres agricoles. Ainsi, 20 décrets ont été promulgués durant la période allant de 1830 au 1926 et pas moins de 10 décisions à caractère politique ont été confectionnées de 1834 au 1908 ». Il a souligné que l'administration française a donné des garanties pour les Français de devenir de « grands patrons » en venant s'installer en Algérie. Conséquence : de 1830 à 1880, 475 fermes ont été créées. « Les Français sont convenus sur un fait : la guerre qu'il faut mener en Algérie n'est pas une guerre seulement à coups de canon, mais de dépossession des Agériens des ressources que le sol leur procure. La spoliation a été imposée d'abord par l'administration coloniale, rendue possible par le colon », a soutenu Mohamed Lahcen Zeghidi. Et d'ajouter que le processus de spoliation a « servi de fondement à la colonisation ». Le juriste Souilah Boudjemaâ a qualifié de « négatif » les 30 lois élaborées par l'administration française. Pour lui, il n'est pas question de se soumettre aux menaces infondées des colons qui réclament toujours, 50 ans après l'independence, des indemnisations. Il a expliqué que la Convention de Vienne est claire sur cette question en écartant toute forme d'indemnisation. Mais il a soutenu que l'Algérie a bel et bien indemnisé les colons, et ce, juste après l'indépendence. Toutefois, il a fait savoir que les colons ont vu leurs dossiers d'indemnisation rejetés par les organisations internationales. Pour lui, les pieds noirs n'ont aucun droit de réclamer les terres des Algériens. Il a soutenu que le titre de propriété, document avancé par les colons, n'est pas valable et ne doit en aucun cas être reconnu par la justice algérienne. Pour lui, il faut revenir à « la nature » autrement dit à la source qui fait que les véritables propriétaires sont les Algériens, spoliés de leurs terres durant la période coloniale. Le juriste a tenu, histoire de se projeter dans l'avenir, à souligner que l'Algérie ne doit pas concocter des accords de partenariat avec les étrangers, notamment dans le domaine de l'agriculture.