Durant deux jours, l'auditorium de l'université Djillali-Liabès a abrité le 1er séminaire national sur l'histoire du foncier en Algérie, durant la période de la résistance populaire et de la guerre de libération nationale. Cette rencontre s'est déroulée en présence de M. Mohamed-Chérif Abbas, ministre des Moudjahidine, qui a présidé, hier, la cérémonie d'ouverture des travaux. En effet, de nombreux spécialistes dans le domaine du foncier et de l'histoire de la guerre d'Algérie, notamment les associations locales et nationales, les étudiants et les chercheurs des différentes universités du pays, ont assisté aux travaux du séminaire qui s'est consacré à l'examen et à la présentation d'une série de communications, surtout celles relatives à la période allant de 1830 à 1962. Durant toute cette période, “le patrimoine foncier agricole algérien a connu la succession de différentes législations : droit coutumier, droit musulman, régime colonial et les nombreuses législations”, a indiqué un enseignant. Dans son allocution d'ouverture, le ministre des moudjahidine a mis l'accent sur la politique de dépossession et d'aliénation du peuple algérien, à travers notamment les artifices multiples utilisés, alors, par l'occupant colonial pour accélérer le processus d'accaparement des terres et des forêts, propriété collective des autochtones, et procéder graduellement à la substitution du régime foncier en vigueur par un autre qui soit à la mesure du colon. Ainsi, dans leur intervention, les conférenciers ont axé leur sujet sur les expropriations sauvages du foncier par le colonialisme français et sa politique de plus d'un siècle d'occupation qui a totalement ruiné la paysannerie algérienne. Ils ont évoqué également les processus historiques, dans lesquels la terre algérienne fut l'enjeu principal pendant la colonisation, et qui visaient la destruction de la seule économie du pays, “l'agriculture”. À ce sujet, les intervenants, se basant sur des enquêtes de chercheurs algériens, ont indiqué que “le dessein du colonialisme pour l'Algérie était l'aliénation de la personnalité algérienne par tous les moyens, notamment en dépossédant l ‘Algérien de sa terre” et l'objectif, selon ces derniers, demeurait “l'accaparement des terres algériennes les plus riches et les plus fertiles”. Ainsi, au début du 20e siècle, les européens disposaient de 2 123 288 hectares de terre et de 194 159 hectares de forêt appartenant, dans leur totalité, aux algériens et représentant les terres les plus riches, dont le transfert de propriété s'est effectué, notamment à titre de représailles contre des tribus, concessions par l'administration domaniale au profit des colons. À l'indépendance, les biens laissés par les colons et qui ont été déclarés “vacants” ont été gérés par des collectifs de paysans dans le cadre de domaines agricoles autogérés estimés en 1965, à 2 302 280 hectares. B. AZIZ