Les événements sanglants du 11 Décembre 1960 ont été, hier, au centre des débats du forum d'El Moudjahid, en présence de témoins ayant vécu les événements et des lycéens d'Alger. Cette rencontre, organisée conjointement avec l'association Machaâl Chahid, se veut, indiquent les organisateurs, une halte pour mesurer l'impact des faits sur le processus de la Révolution armée. La conférencière, Me Fatma-Zohra Benbraham, s'est étalée dans son exposé à décrypter le discours du président français de l'époque, Charles de Gaulle, prononcé le 16 septembre 1959, sur l'autodétermination de l'Algérie. Elle fera remarquer d'abord que ces événements coïncidaient avec la célébration de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, le 10 décembre. « A travers la répression de ces manifestations pacifiques, la France a bafoué toutes les dispositions de cette charte », a-t-elle précisé. Le discours de Charles de Gaulle était, du point de vue de Me Benbraham, en déphasage total avec la réalité algérienne puisque le même esprit de l'Algérie française, véhiculé un siècle durant, était présent dans le contenu du texte : « De Gaulle n'a pas compris que la politique de pacification prétendue par la France en Algérie était fausse. On ne pacifie pas par des parachutistes ». Les plans de Constantine (économique) et de Challe (militaire), proposés par les autorités coloniales, visaient, poursuit l'oratrice, à séparer la population des insurrectionnels. Cependant, « le peuple algérien était, certes, pauvre mais suffisamment conscient et politisé. Les manifestations du 11 décembre ont été d'ailleurs populaires et spontanées, les dirigeants de la révolution n'ont pas été à l'origine de ces manifestations », a indiqué la juriste. Elle ajoute que « le bilan officiel communiqué était de 122 morts mais nous n'avons pas de chiffre exact. Nous savons que le nombre de victimes était plus élevé ». Un hommage a été rendu par l'invitée du forum d'El Moudjahid aux enfants et aux femmes qui ont participé à ces événements, regrettant au passage le fait qu'on ne s'est jamais intéressé à l'enfant martyr. « Les enfants et les femmes ont joué un rôle important durant la révolution et leur manifestation, le 11 décembre 1960, était d'un apport appréciable puisque, en cette période précise, l'ALN était affaiblie. Donc, c'était une démonstration de soutien à la lutte armée », a-t-elle rappelé.