La réunion de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, qui a pris fin, hier, à l'hôtel Sheraton, se veut un signal fort adressé à la communauté internationale. Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, est revenu longuement, hier, dans une conférence de presse, sur les recommandations de cette « pertinente initiative », dont les travaux ont débuté dimanche, au lendemain du sommet de l'élysée pour la paix et la sécurité en Afrique. Désormais, dit-il en substance, les représentants des trois pays africains membres du Conseil de sécurité parleront d'une seule voix. Et d'annoncer que l'Algérie abritera l'an prochain une réunion similaire. « Il ne s'agit pas d'un événement mais du lancement d'un processus », explique-t-il, précisant que l'idée de cette « stratégique » réunion était dans l'air depuis longtemps. Naturellement, « notre pays apportera sa contribution », dit-il. « Il n'y a pas de bataille africaine où l'Algérie a été, est ou sera absente ou n'a pas apporté sa contribution », avant de revenir sur certains mesures phares qui ont été prises par les participants à la réunion. Selon le ministre algérien des Affaires étrangères, les trois pays africains qui siègent au Conseil de sécurité vont désormais agir en groupe compact, respecter les orientations et les préoccupations de l'Union africaine et de son Conseil pour la paix et la sécurité et permettre une interaction plus étroite entre Addis-Abeba et New York. Il y a un « consensus » africain, quant à la nécessité pour le continent africain d'obtenir deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l'ONU, avec toutes les prérogatives, y compris le droit de veto, a déclaré M. Lamamra, précisant que « contrairement aux autres continents, l'Afrique n'est pas représentée dans la composante actuelle du Conseil de sécurité, au niveau des sièges permanents ». Comme Lamamra, Louise Mushikiwabo, chef de la diplomatie du Rwanda, trouve « insensée » la représentation africaine au Conseil de sécurité. « Il est injuste que notre continent, qui compte le plus grand nombre des Etats membres de l'Assemblée générale des Nations unies soit représenté par trois pays », a affirmé Smaïl Chergui, le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA. Selon ce dernier, l'Afrique réclame, ou l'élimination du droit de veto, ou l'octroi de deux sièges permanents avec les mêmes droits que les cinq autres pays membres, en plus des trois autres sièges non permanents actuels. Et la force de réaction africaine dont tout le monde parle ? « Les brigades régionales, au nombre de cinq, existent. En attendant cette force qui sera à même de stabiliser la situation, une transitoire sera opérationnelle en 2015 ». Selon Lamamra, certains pays sont disposés à fournir des troupes. L'Algérie, dit-il, apportera une aide dans la formation, l'équipement, le transport, le budget... « Une réunion des chefs d'état-major consacrée à cette question se tiendra les 12 et 13 janvier prochain », annonce-t-il, estimant que la réunion d'Alger est une preuve manifeste que l'Afrique veut prendre en charge le règlement de ses problèmes. Cela dit, précise-t-il, cette volonté n'exclut pas une aide internationale. « La sécurité de l'Afrique est aussi celle de la communauté internationale », dit-il, avant d'évoquer la présence des troupes françaises en Centrafrique. « Elle ne date pas d'aujourd'hui », dit-il, précisant que c'est à la demande de l'Union africaine et de son Conseil pour la paix et la sécurité qu'elles sont intervenues pour « sauver des vies civiles ». Quant au terrorisme, un point régulièrement inscrit dans toutes les rencontres internationales depuis septembre 2011, Lamamra renvoie l'assistance à une réunion des points focaux prévue ce matin à Alger au Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme.