Elle compte le plus grand nombre des Etats membres de l'assemblée générale de l'ONU ; plus de 60 % du travail du Conseil de sécurité concerne des conflits en Afrique... Ce sont là des arguments qui sont soulignés pour que le continent soit représenté dans cette institution de prise de décisions. L'Afrique réclame ainsi soit l'élimination du droit de veto, soit l'attribution de deux sièges permanents. C'est ce qu'a indiqué le commissaire à la paix et à la sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui. «Ce n'est pas juste que l'Afrique ne soit pas représentée dans cette institution de prise de décision, alors qu'elle compte, actuellement, le plus grand nombre des Etats membres de l'Assemblée générale de l'ONU. Nous demandons, ainsi, l'élargissement du Conseil de sécurité», a déclaré M. Chergui en marge de la réunion de haut niveau sur la paix et la sécurité en Afrique, ouverte hier à Alger. Il a expliqué que l'Afrique réclame «soit l'élimination du droit de veto, soit l'attribution (au continent africain) de deux sièges permanents avec les mêmes droits que les autres pays membres, en plus des trois autres sièges non permanents». «Nous déployons, à cet égard, des efforts en vue de permettre à l'Afrique de disposer de son droit au sein du Conseil de sécurité et nous essayons de faire comprendre aux autres que nous voulons des solutions africaines aux problèmes africains», a-t-il précisé. Il a rappelé que la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU est une «exigence non seulement africaine, mais aussi internationale», étant donné, a-t-il mentionné, que sa composante actuelle «ne reflète pas la réalité des évolutions qu'a connues le monde». «Nous avons, au niveau du continent africain, une position qui a été déjà adoptée et nous disposons d'un comité composé de chefs d'Etat qui suit de très près cette question», a-t-il soutenu. Plus de 60% du travail du Conseil de sécurité de l'ONU concerne des conflits en Afrique, ce qui nécessite des actions communes de ces pays pour défendre les intérêts du continent, ont estimé des diplomates africains réunis à Alger. «Ce pourcentage n'est en rien une fierté pour l'Afrique mais un fait douloureux (pour lequel) nous devons agir ensemble», a insisté Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, lors de cette réunion sur la sécurité et la paix en Afrique. «Il faut que l'Afrique défende ses intérêts. Il faut que l'Afrique le fasse ensemble», a martelé pour sa part Mme Mushikiwabo. «L'Afrique du 21e siècle doit être maîtresse de son destin et cela doit être plus qu'un slogan». «Une voix unique africaine au service des africains s'impose à New York» et cette unité doit «résister à toute forme de pression», a ajouté la ministre, dont le pays est membre non permanent du Conseil de sécurité. De son côté le chef de la diplomatie algérienne, Lamtane Lamamra, a rappelé : «Des milliards de dollars sont investis annuellement dans les tâches de maintien de la paix» en Afrique, où se déroulent les deux tiers des missions de l'ONU. Il a assuré que ces sommes seraient plus efficaces si elles étaient investies dans le développement. La réunion d'Alger, qui a accueilli plusieurs ministres et diplomates africains, vise à aider les nouveaux membres du Conseil de sécurité de l'ONU «à se préparer au traitement des questions de paix et de sécurité sur le continent» africain, selon le chef de la diplomatie algérienne.