Le parcours de combattant, d'intellectuel et spirituel du cheïkh Mohamed Ameziane Belhaddad a été passé en revue, hier, au forum d'El Moudjahid lors d'une conférence animée par Ali Bettache, enseignant en histoire. Cheïkh Belhaddad, natif du village Seddouk Oufella (Béjaia) en 1790 environ, n'était pas seulement, du point de vue du conférencier, un combattant, mais aussi, un homme de culture et de religion (soufie), chef de la zaouïa Rahmania. « Il a été désigné chef de la zaouia d'une manière démocratique et non par héritage », tient-il à préciser. Pour l'enseignant en histoire, la révolution populaire de 1871 à laquelle cheïkh Belhaddad a pris part était la véritable insurrection militaire en Algérie. L'esprit combatif et résistant des Rahmanis est séculaire, indique l'orateur, appuyant son constat par la participation de 18 Moqadems de la tarika Rahmania à la bataille de Staoueli en 1830. « Ils étaient des ennemis de la France par naissance », a-t-il commenté. Et cheïkh Belhaddad était toujours, poursuit l'animateur du forum, au-devant des insurrections et déterminé dans ses prises de décision. « La décision est mauvaise mais on va l'exécuter », disait-il dans chaque concertation sur l'idée de mener des insurrections contre les colons français. Pour M. Bettache, l'insurrection de 1871 est similaire à celle du 1er novembre 1954, compte tenu de son étendue géographique. Cheïkh Belhaddad, arrêté le 12 juillet 1873, est condamné à 5 ans de prison par le tribunal de Constantine alors que la majorité des 216 rebelles jugés ont été, eux, exécutés. « Ce n'était pas une clémence de la France à son égard, on l'a condamné à 5 ans de prison parce qu'il était avancé dans l'âge, il avait 83 ans et était paralysé », indique le conférencier. Quelques mois après sa condamnation, le 29 avril 1873, il a rendu l'âme dans sa cellule, à la prison de Koudia. Il a été enterré à Constantine. Ses restes ont été transférés le 2 juillet 2009 dans son village natal, Seddouk Oufella, où il repose aux côtés des siens. « C'était son rêve d'être enterré auprès de ses parents. Un rêve exaucé plus d'un siècle après sa mort », a commenté le conférencier,