Maître Nouredine Benissad, président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme, plaide pour une autre manière de faire face à la succession des enlèvements d'enfants suivis parfois par des assassinats. Loin de cette tendance à réclamer, effet de foule à l'appui, une application de la peine de mort. Au cours de la conférence de presse animée au siège de l'association, Benissad veut une réflexion plus profonde sur ce phénomène qui inquiète tous les Algériens. Par une réflexion profonde, l'avocat suggère d'éviter le piège du sensationnel. Contre ce piège, il défend un débat dans la sérénité et à froid. Mais pour le président de la Laddh, «le débat à mener ne doit pas sortir du terrain des lois civiles. Il n'est pas question d'aller vers un autre terrain». Il renvoie dans ce sens à la situation dans certains pays où la peine de mort s'applique sans toutefois que le phénomène ne disparaisse. «Il n'y a pas de liens directs entre les raisons du crime et son abolition», note le juriste. Raison ainsi pour l'avocat d'alerter sur les risques d'un amalgame que pourraient créer les réactions émotionnelles devant des cas d'enlèvement d'enfants. En matière de sanctions, le conférencier a indiqué que «le Code pénal algérien prévoit des sanctions très dures contre les auteurs d'enlèvement d'enfant». Mais pour M. Benissad, «il ne faut pas lier l'enlèvement à la peine de mort. Ce n'est pas en appliquant la peine de mort que les enlèvements et les assassinats d'enfants vont disparaître». En matière de responsabilité, le président de la Laddh a parlé de la responsabilité des pouvoirs publics dans ce registre. Benissad attribue aussi une part de responsabilité aux parents des enfants. En effet, un nombre important d'enfants se retrouve dans la rue à des heures tardives, d'autres vont au stade à l'insu de leurs parents… Le remède passe selon lui par «des politiques publiques à mêmes de garantir la scolarité des enfants et leur épanouissement». Car, argumentera-t-il, «il n'y a pas que l'aspect sécuritaire : les enfants doivent être mieux encadrés». Le président de la Laddh a, par ailleurs, évoqué d'autres sujets liés à l'actualité du pays comme les manifestations dans le Sud et les scandales de corruption. Concernant la colère sociale, Benissad s'est réjoui que la marche du 14 mars à Ouargla se soit déroulée sous des mots d'ordre pacifiques. Insistant sur la légitimité des revendications, le conférencier souhaite que les pouvoirs publics soient plus dans l'action que dans la réaction devant les problèmes de l'emploi et de logement que ne cesse de réclamer l'Algérie profonde. A propos de la corruption, Maître Benissad a défendu une solution rapide dans la mesure où l'ampleur prise par le phénomène constitue une véritable menace sur le tissu et l'équilibre social. A. Y.