Il a tenu à préciser que la CNCPPDH est loin d'être un organe de « pression » mais de consultation seulement. Selon lui, la situation des droits de l'Homme en Algérie a atteint un stade appréciable qui s'améliore d'année en année. Un bémol : Me Ksentini regrette que la bureaucratie gagne davantage de terrain, allant même jusqu'à « retarder le développement des droits de l'Homme dans le pays ». Il a plaidé, d'ailleurs, pour « faire exploser ce phénomène ravageur » par des actions concrètes impliquant toutes les parties concernées. Selon lui, la justice est la première concernée par le développement des droits de l'Homme et il est malheureux de constater encore que les juges ne soient pas totalement « libres ». Maître Fatima Benbraham partage le même avis et affirme que ce n'est pas la France qui a inventé les droits de l'Homme, mais le Coran qui renferme tous les droits humains depuis des siècles. En réponse aux questions des intervenants, Me Ksentini s'est dit étonné d'entendre dire qu'il y a une discrimination à l'embauche en Algérie à cause du port du voile. Le port du hidjab s'inscrit dans le cadre des convictions religieuses et des droits de l'Homme aussi, souligne-t-il. Pour ce qui est de la peine de mort, il a soutenu que le débat est ouvert pour son annulation dans le souci de protéger les innocents des injustices. Plaisanterie de François Hollande sur l'Algérie : « Une agression honteuse » Sollicité pour réagir à la dernière sortie de François Hollande, ayant glissé une plaisanterie au sujet de l'Algérie à l'occasion du 70e anniversaire du conseil représentatif des institutions juives de France, Me Ksentini a réclamé des excuses officielles de Paris, en qualifiant les propos du président français d'« agression honteuse surtout devant un parterre de sionistes ». Au début de son discours, le président français avait affirmé que Manuel Valls allait se rendre en Algérie. Le ministre de l'Intérieur lui a rappelé qu'il en revenait. Pour rectifier son erreur, Hollande a lancé une blague : « Il en revient sain et sauf ». Avant d'ajouter : « C'est déjà beaucoup ! » Me Benbraham a estimé, pour sa part, que ce « geste est indigne du Président d'un Etat qui prétend être le précurseur des droits de l'Homme dans le monde ». Elle a rappelé, à cet effet, que la France avait pourtant demandé de l'aide à l'Algérie pour faire face à ses problèmes économiques. Le président du Mouvement de la société pour la paix, Abderrezak Mokri, a, lui aussi, affirmé que son parti « attend une position de la part du gouvernement pour répondre à cette humiliation », soulignant que « le Premier ministre français était pourtant ici en Algérie il y a quelques jours pour des avantages n'ayant profité à aucun autre pays ». M. Mokri a profité de l'occasion pour réclamer la promulgation de la loi incriminant le colonialisme, en certifiant que la France ne va jamais renoncer à son esprit colonial à l'égard de l'Algérie.