à défaut d'une issue politique à la crise et d'une réconciliation nationale, la République Centrafrique risque, à l'instar du Soudan, une sécession en bonne et due forme. Ce n'est pas le citoyen lambda qui agite le spectre, mais Abakar Sabone, un ancien chef rebelle devenu ministre sous le régime du président déchu François Bozizé et, ajourd'hui, conseiller du président Djotodia. « Si le dialogue entre chrétiens et musulmans échoue, il faudra diviser le pays en deux, nous rentrons au nord et ceux qui veulent rester au sud restent au sud, pour qu'il y ait la paix », dit-il dans une conférence de presse. Entouré de deux ministres du gouvernement, il affirme s'exprimer « au nom de la communauté musulmane » et de « chefs de la Séléka » (coalition rebelle de groupes armés à dominante musulmane, au pouvoir depuis mars 2013). Pour l'ancien chef rebelle, les négociations devraient commencer d'ici une semaine sous peine de voir le pays sombrer dans la division. Cette mise en garde ne semble pas faire l'unanimité, y compris au sein de son camp. « Il ne peut pas y avoir de sécession. Nous sommes un pays uni, ça n'arrivera pas. Ces mots s'expliquent par un climat d'exaspération générale », déclare Guy Simplice Kodégué, porte-parole du président et ex-chef de la Séléka. « La déclaration de Sabone n'engage que lui », dit-il. La France, qui a engagé ses troupes dans le pays pour mettre fin au conflit interreligieux qui déchire les deux communautés, « espère » que la lumière sera faite sur l'usage de la force, dimanche, par des soldats tchadiens de la Force africaine en Centrafrique contre des manifestants à Bangui, qui demandaient le départ du président Djotodia et des soldats tchadiens. Le porte-parole adjoint du Quai d'Orsay, Vincent Floréani, a assuré que son pays garde « toute confiance » dans le président tchadien Idriss Déby, et maintient « son soutien total à la Mission internationale de soutien à la Centrafrique ». De crainte de voir le pays livré à l'anarchie, l'Union européenne a interdit les livraisons d'armes, de matériel militaire et d'aides financières à la République centrafricaine « par respect pour la résolution 2127 adoptée le 5 décembre par le Conseil de sécurité ».