Le compte à rebours a déjà commencé en Tunisie où l'opposition et le parti islamiste Ennahda ont convenu de se doter d'une nouvelle constitution et d'un nouveau gouvernement au plus tard le 14 janvier 2014, marquant le troisième anniversaire de la « Révolution du jasmin ». Après une période d'incertitudes, la Tunisie entrevoit le bout du tunnel qui permet, à coup sûr, la relance du processus politique et démocratique et l'enracinement du dialogue national. Les pourparlers qui doivent reprendre, aujourd'hui, ont validé la feuille de route consensuelle selon laquelle le gouvernement indépendant de Mehdi Jomaâ prendra le relais de l'administration de coalition dirigée par l'islamiste Ali Laareyedh, pour se consacrer, à partir du 25 décembre, aux choix de son équipe censée refléter les exigences d'une représentation nationale plus large. L'annonce du compromis par les médiateurs constitue en soi une avancée non négligeable pour un dénouement heureux de la crise tunisienne qui a suscité la désespérance citoyenne, à l'ombre du terrorisme montant. Un compromis qui répond à la volonté des deux partenaires de faire table rase de la gouvernance contestée de la troïka et de mettre en place des institutions nationales démocratiques et pérennes que la nouvelle Tunisie n'a pas réussi à satisfaire faute de consensus national. La mission du gouvernement technocratique de Jomaâ, en charge d'assurer la transition jusqu'aux législatives de 2014, s'inscrit dans une démarche visant à « favoriser les conditions appropriées pour des élections transparentes et crédibles, d'assurer la sécurité des Tunisiens et de promouvoir l'économie ». Dans cette première et non moins décisive étape, destinée à taire les divergences et à éviter le recours à la confrontation improductive, le retour au climat de confiance et du dialogue national est essentiel pour tourner définitivement la page tumultueuse des lendemains incertains et renouer avec les espoirs de changement. Le nouveau chef du gouvernement, présenté par un responsable de l'Alliance démocratique, Mahmoud Baroudi, comme étant « suffisamment compétent et indépendant », est au gouvernail d'un pays confronté à une sévère crise politique, économique et sécuritaire. Pour cet ancien ministre de l'Industrie, la ligne droite est entamée pour consacrer l'entrée dans la modernité de la Tunisie avide d'alternatives crédibles au marasme socio-économique.