Un attentat a ciblé, lundi soir le siège de la police à Mansoura, chef-lieu du gouvernorat de Dakahleya, dans le delta du Nil. Bilan : 14 morts et 130 blessés. Mohamed Ibrahim, le ministre égyptien de l'Intérieur, qui a échappé en septembre à un attentat à la voiture piégée, accuse les Frères musulmans qu'il qualifie de « terroristes ». Cette déclaration, à forte portée politique, sera-t-elle suivie de « conséquences » pour le mouvement islamiste, déjà suspendu par la justice ? La confrérie, dont est issu le président Mohamed Morsi, dément. Elle condamne, elle aussi, cet attentat qui a été ressenti à une vingtaine de kilomètres à la ronde. « Il n'y a rien de surprenant à ce que Beblawi, le Premier ministre marionnette de la junte militaire, décide d'exploiter le sang des Egyptiens innocents avec des déclarations incendiaires destinées à créer plus de violence, de chaos et d'instabilité », rétorquent, dans un communiqué, les Frères musulmans, condamnant cet attentat. Le pays des pharaons, en proie à des violences politiques quasi-quotidiennes depuis la destitution du président Morsi, le 3 juillet dernier (1.500 morts), a franchi une nouvelle étape avec cet attentat perpétré avec un camion bourré d'explosifs. Outre le siège de la police qui a été déjà la cible d'une attaque (fin juillet), un bâtiment bancaire de cinq étages s'est effondré, plusieurs dizaines de voitures, dont un véhicule blindé de la police, ont été détruits, rapporte Mena, l'agence officielle. Selon Ahram Online, trois bombes ont été posées et deux d'entre elles ont explosé simultanément. La troisième a été désamorcée. La rue égyptienne pointe, elle aussi, du doigt les islamistes. Elle les accuse d'« adopter les tactiques d'al-Qaïda, d'aider et de de financer les auteurs des attaques contre les forces de l'ordre » et d'« entraver la transition promise par l'armée ». Hazem El Beblawi, le Premier ministre, s'est engagé à punir sévèrement les auteurs de cet acte barbare dont le bilan pourrait s'alourdir dans les prochains jours. « Le terrorisme ne parviendra pas à entraver la transition qui doit se terminer avec la tenue des élections législatives et présidentielle mi-2014 », dit-il. Son ministre de l'Intérieur estime que cet attentat, « plus sophistiqué que les précédents », est une « tentative de terroriser les Egyptiens avant les 14 et 15 janvier 2014, dates prévues pour le référendum » que la confrérie a appelé à boycotter. « Il y a un plan pour sécuriser le scrutin », promet-il. « Nous sommes confrontés à un ennemi qui n'a ni religion ni nation » et « ce type d'opération ne fait que renforcer la détermination de l'Etat à éradiquer le terrorisme dans tout le pays », indique la présidence égyptienne dans un communiqué. Selon Shadi Hamid, directeur de recherche au Brookings Doha Center, « cette attaque pourrait être un signe annonciateur de ce qui va suivre ». C'est-à-dire voir la violence qui sévit dans le Sinaï se propager à la région du delta du Nil. L'Egypte a-t-elle pour horizon l'état d'urgence ?