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« Notre politique étrangère obéit à des considérations stratégiques précises » Lamamra lors d'une Conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien
« L'Algérie traite avec les Etats et non avec les régimes » et « maintient ses relations avec ces pays nonobstant les problèmes internes qu'ils connaissent », déclare Ramtane Lamamra, le ministre des Affaires étrangères, en réponse à une question sur les raisons du « maintien » de ses relations avec un pays, comme l'Egypte, qui « traverse une situation instable ». Précision de taille de Lamamra lors de cette conférence de presse qu'il a animée, hier, avec Nabil Fahmi, son homologue égyptien : « Cette conduite ne signifie nullement que l'Algérie est indifférente ou qu'elle accorde peu d'intérêt aux situations instables que ces pays traversent ». Concernant le refus de certains partis de la « mouvance islamiste » de la visite d'un représentant d'un pouvoir qui a qualifié la confrérie des frères musulmans comme une « organisation terroriste, Lamamra, qui dit respecter les avis des uns et des autres, rappelle que « la politique étrangère de l'Algérie est conduite par le président de la République » et qu'elle « obéit à des considérations stratégiques précises ». Et de poursuivre : « nous partageons les joies et les peines de l'Egypte, un pays avec lequel nous sommes unis par des liens étroits » et « nous ne nous ingérons pas dans ses affaires internes ». « Nous souhaitons que le peuple égyptien sorte plus fort que jamais de son épreuve », dit-il, avant de rappeler la position que l'Algérie défendra à la conférence de Genève sur le conflit syrien, le 22 de ce mois. « Nous ferons ce que nous pourrons pour faire avancer le processus de règlement pacifique », dit-il, avant de rappeler « l'attachement de l'Algérie à une solution pacifique qui garantisse la pérennité et l'unité de la Syrie ». Fahmi : « Nous n'admettrons l'ingérence de personne » Nabil Fahmi, qui a affirmé que sa « courte » visite prévue de longue date « n'obéit à aucun objectif bien défini », s'est étalé sur trois points. Le premier sur la rencontre avec le président de la République. Le seconde, la décision de son gouvernement de désigner la confrérie des Frères musulmans comme « organisation terroriste ». « Une décision souveraine », insiste-t-il. Le troisième, le gel de l'adhésion de son pays aux instances de l'Union africaine. M. Fahmi, qui a remis un message de Adli Mansour, le président égyptien par intérim, au Chef de l'Etat, qui « traduit la valeur et l'importance des relations algéro-égyptiennes et reflète la considération vouée au président Bouteflika », n'a pas tari d'éloges sur le président de la République. « Un homme qui jouit d'une grande considération en Egypte », dit-il avant de « révéler » qu'il a évoqué avec le président de la République la situation égyptienne, le conflit syrien, le dossier palestinien et certaines questions régionales d'intérêt commun. « Il est attendu des pays arabes de respecter l'accord sur la lutte contre le terrorisme qu'ils ont ratifié en 1998 », dit-il, réfutant toute révision de la décision de son pays de mettre hors état de nuire la confrérie. Ira-t-il au Conseil de sécurité s'il estime « insuffisante » la réponse des pays arabes et de la Ligue ? osons-nous lui demander. Fahmi, qui a brandi cette menace avant de venir à Alger, botte en touche. « Nous maîtrisions la situation et le référendum constitutionnel prévu les 14 et 15 janvier, première étape de la transition, aura lieu », dit-il suggérant aux « Frères » et « aux dirigeants » du Qatar qui font « fausse route » de comprendre que le « peuple égyptien rejette globalement et dans le détail leurs déclarations insensées ». « Nous n'excluons pas de prendre d'autres mesures et nous n'admettrons l'ingérence de personne », martèle le ministre égyptien avant de préciser qu'il n'a demandé à aucun pays arabe et/musulman de considérer ses « Frères » comme « terroristes ». Le ministre égyptien, qui ambitionne de reconstruire la diplomatie de son pays, demande un coup de pouce à l'Algérie. Notamment au Conseil de paix et de sécurité (CPS). Le pays des Pharaons, qui se présente désormais comme un « pays arabe aux racines africaines », demande à notre pays de l'aider à réintégrer les instances de l'Union africaine. « L'Algérie n'a pas demandé la suspension ni l'exclusion d'aucun membre de l'Union africaine passant par une situation d'instabilité politique, ni la Mauritanie, ni le Mali, ni le Niger ni aucun autre et elle n'a pas exclu l'Egypte ni demandé sa suspension de l'UA dont elle appuie fidèlement la doctrine et les textes », explique Lamamra, avant d'ajouter à l'endroit de l'envoyé spécial d'Al Ahram que « l'Algérie n'a aucune leçon à recevoir en la matière » et que les décisions prises à Addis-Abeba sur l'Egypte « relèvent d'une simple mesure préventive » et qu'elles visent à « encourager le retour à la constitutionnalité ». Selon Lamamra, cette courte visite a permis de donner un coup d'accélérateur aux relations entre les deux pays, de s'entendre sur la réunion de la commission de suivi au niveau ministériel et des Premiers ministres, d'échanger sur les réformes à apporter à la Ligue arabe pour « améliorer » son fonctionnement.