Pour de nombreux observateurs, l'engagement international, la France en tête, n'est pas à la mesure de l'étendue d'un conflit confessionnel qui nécessite, de leur point de vue, une approche plus offensive. Le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a dressé, lundi, un bilan inquiétant de la situation sécuritaire et humanitaire en Centrafrique, dans un rapport qu'il a présenté au Conseil de sécurité. Il a assuré que la situation dans le pays s'était « considérablement détériorée » en dépit des efforts entrepris par le gouvernement de transition et la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (Misca) dont le déploiement a été autorisé par une résolution de l'instance suprême des Nations unies, en décembre dernier. M. Feltman s'inquiète de voir les affrontements interconfessionnels déboucher sur un conflit religieux entre musulmans (Séléka au pouvoir) et chrétiens (anti-Balaka). Une éventualité qui menacerait, selon lui, la stabilité de l'Afrique centrale. « Il existe un risque réel de voir la crise se propager au-delà des frontières du pays et déstabiliser davantage la région », a-t-il prévenu. Le responsable onusien n'a pas manqué de critiquer l'incapacité des autorités de transition à lutter contre les violations des droits de l'Homme, non sans toutefois saluer le déploiement « rapide » de la Misca et des troupes françaises qui la soutiennent. Il a, à ce titre, réaffirmé la détermination de l'ONU à faire tout son possible pour éviter que la situation ne se détériore davantage, et de fournir une aide humanitaire aux plus vulnérables et assurer le retour du pays à l'ordre constitutionnel. L'autre souci majeur : le renforcement du contingent franco-africain par l'envoi de Casques bleus sur place. Le Conseil de sécurité attend un rapport de Ban Ki-moon (qui avait promis au président français, François Hollande, d'accélérer les préparatifs) avant de trancher la question. Mais le rapport ne sera pas présenté avant la fin du mois de février. Le Tchad, dont le contingent est le plus important, et qui plus est, a fait en janvier son entrée au Conseil de sécurité, s'y oppose fermement. Son représentant, Mahamat Zene Cherif, a défendu la Misca en promettant plus d'efforts en vue d'un règlement pacifique de la crise. Il a annoncé la tenue, demain, à N'djamena (Tchad) d'un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEAC) avec tous les partenaires internationaux. Présente à la rencontre, la ministre des Affaires étrangères de la République centrafricaine, Léonie Banga-Bothy, a appelé à l'organisation d'une conférence des donateurs le plus rapidement possible, non seulement par l'Union africaine mais également par les autorités centrafricaines. L'ONU travaille actuellement avec l'Union africaine à l'organisation d'une telle conférence, le 1er février prochain à Addis-Abeba, notamment pour permettre à la Misca d'atteindre son effectif autorisé : 6.000 soldats.