Sous pression américaine, la Coalition de l'opposition syrienne en exil devrait, au plus vite, se prononcer sur sa participation à la conférence internationale de paix. En raison des pressions exercées par ses parrains occidentaux et arabes, celle-ci devrait, lors d'un conclave à Istanbul, trancher au plus tard aujourd'hui sur sa participation ou non à la conférence de paix prévue ce mercredi à Montreux en Suisse. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry l'a exhortée, jeudi, à aller négocier avec le gouvernement syrien, en l'assurant du plein soutien de son pays. Son homologue russe, Sergei Lavrov, dont le pays est co-initiateur de la rencontre avec les Etats-Unis, demeure sceptique. Il n'a pas dissimulé ses craintes quant à un « boycott » des anti-Assad, minés par les dissensions internes, notamment avec sa principale composante, le Conseil national syrien (CNS) hostile à tout contact avec Damas. Lors d'une conférence de presse conjointe avec le chef de la diplomatie syrienne, Walid al-Mouallam, tenue hier, à Moscou, M. Lavrov a révélé « qu'il y a des manœuvres et des tentatives pour poser des obstacles en vue de mettre en échec la tenue de Genève II », tout en exprimant son inquiétude quant à la position ambiguë de la Coalition. Le chef de la diplomatie russe a indiqué, se basant sur des informations émanant de la Coalition, que celle-ci n'a pas encore reçu sa convocation et que sa décision pourrait même être reportée à lundi. Son homologue syrien a affirmé que la conférence de Genève « doit servir de base pour le dialogue entre les Syriens sans ingérence extérieure ». Pour lui, « ce sont les groupes armés qui sabotent le rendez-vous de Genève en raison du soutien que leur apportent certains pays ». Le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haidar, a fustigé, la veille, à Damas, l'« hésitation » de la Coalition qui manque, selon lui, de « patriotisme » assurant que son gouvernement demeure pessimiste par rapport à la réussite des pourparlers. Il en cite deux raisons : « la communauté internationale n'est pas prête et le peuple syrien ne sera pas correctement représenté ». « N'attendez rien de Genève II. Ni Genève II, ni Genève III, ni Genève X ne résoudront la crise syrienne », a-t-il ajouté. Pour le ministre syrien, « la solution a commencé, et va continuer, par le triomphe militaire de l'Etat (...) et par le maintien au pouvoir et la détermination de l'Etat et de toutes ses institutions, à la face des ennemis qui parient sur son effondrement ». Au-delà de l'« hypothétique » participation de l'opposition extérieure, un problème fondamental reste encore irrésolu : sur quoi iront négocier les deux parties ? Pour la Coalition et ses alliés occidentaux et arabes, tout dialogue devrait déboucher sur la mise en œuvre d'un gouvernement de transition, tel que stipulé dans l'accord international sur une transition politique, signé le 30 juin 2012, jamais appliqué. Le chef de la diplomatie US a longuement insisté sur ce point qu'il considère comme la pierre angulaire des prochains pourparlers. Une condition rejetée par Damas dont les responsables ont assuré qu'ils iront négocier sur la base des directives qui leur seront directement transmises par le président al Assad. Damas a également remis en cause la « légitimité » de la Coalition, notamment par rapport à l'opposition interne.Néanmoins, les autorités multiplient les gages de bonne volonté, en se disant prêtes à prendre une série de mesures humanitaires, notamment en œuvrant pour un cessez-le-feu à Alep, une ville entre les mains des groupes armés, et à l'échange de prisonniers avec ces derniers.