C'est en principe aujourd'hui qu'expire le délai de deux années sur le gel de la mesure d'interdiction de l'extraction de sable des oueds. Ira-t-on vers une période transitoire en attendant que de nouveaux textes aboutissent car, encore une fois, le marché du sable de carrière, censé bénéficier de gros investissements, ne semble pas près de prendre la relève ? Au ministère des Ressources en eau, aucun communiqué n'est venu apporter des clarifications. En principe, c'est de nouveau « l'interdiction qui prévaut », affirme un entrepreneur, mais le risque de susciter des pénuries qui seront fatales pour les projets en cours, surtout les infrastructures socio-éducatives, les routes, n'est pas à écarter. Le ministère devra trouver un subterfuge juridique pour trancher. Va-t-il privilégier une politique stricte de quotas avec des cahiers des charges ? Ce sont des hypothèses à ne pas exclure, mais il faudra apporter vite des réponses claires à travers la promulgation d'un décret. Une chose est sûre, nous explique un responsable d'une organisation d'entrepreneurs, si l'on met fin aux autorisations en cours sans trouver de solutions de rechange, c'est « l'extraction au noir qui va surgir de nouveau », avance-t-il. Bien que la loi sur l'eau interdit depuis 2005, l'extraction des sables de rivière, son application a été différée puisqu'un moratoire de deux ans avait été accordé aux opérateurs et aux pouvoirs publics, pour ne pas gêner le programme du président de la République et les divers chantiers lancés dans les secteurs de l'habitat, les travaux publics, l'hydraulique… par une insuffisance de sable. Le délai de deux ans était aussi destiné à relancer et développer la production du sable de concassage à partir des carrières. Pour répondre aux besoins en la matière, générés surtout par l'interdiction de l'extraction des sables des oueds, l'ANPM a, en juillet dernier, proposé 12 sites miniers destinés à la production de sable concassé. Avec les études d'impact, les autorisations réglementaires, quand le projet devra-t-il entrer en production ? Et les 12 sites seront-ils dans ce cas – avec entrée effective en production – capables de mettre à la disposition des divers chantiers d'une quantité suffisante de sable pour répondre à la demande ? La question écologique survivra-t-elle devant les considérations liées à l'impératif d'achèvement du programme présidentiel ? Le nouveau sursis de deux ans, arraché en 2007 aux parlementaires, doit expirer aujourd'hui. Il semble que du côté de l'APN, rien ne figure à l'ordre du jour de la session de septembre. Des députés ont même expliqué qu'ils ne donneraient plus de «nouvelle autorisation de gel de l'application de l'article 14» en question. On estime ntre 13 à 14 millions de tonnes de sable des oueds prélevées annuellement. Le moratoire a-t-il produit les effets escomptés, c'est-à-dire inciter les investisseurs à développer le sable de carrière ?