Le développement et la protection de l'environnement ne font pas bon ménage en Kabylie, au vu des conséquences du désastre écologique qui a ruiné les fondements de la rivière Sebaou notamment au début des années 1990 jusqu'à fin 2007. La surexploitation du Sebaou : un crime contre la nature et les intérêts de la population locale sous les yeux des autorités locales et le silence de la majorité des organisations et institutions censées prendre position dans ce genre de situations graves faites d'atteintes répétées et caractérisées contre cet écosystème à la valeur inestimable, victime d'un assèchement avancé. Une véritable catastrophe écologique tant pour le réseau hydrique que pour la nappe phréatique avec l'envasement de la couche aquifère et la dégradation à la limite de l'extinction de la couche protectrice qui va de la localité de Tadmaït à l'ouest jusqu'à Freha à l'est en longeant sur environ une soixantaine de kilomètres la RN 12. Pour tenter un tant soit peu d'y remédier, un texte de loi portant interdiction d'extraction de matériaux alluvionnaires dans les lits des rivières assortie d'une dérogation de deux ans sous le régime de la concession pour les projets structurels du pays a été adopté le 4 août 2005. Cependant, les bonnes décisions sont vite rattrapées par la gestion approximative des affaires de l'Etat et l'incohérence et l'absence de coordination entre les différentes administrations et départements en charge de sortir l'Algérie de la zone du sous-développement. La disposition de loi arrivait à terme le 4 septembre 2007 et a été prorogée de 2 ans par la loi n°08 03 du 23 janvier 2008 à l'effet de satisfaire la forte demande d'agrégats exprimée par différents secteurs, notamment l'habitat et les travaux publics et de réduire l'extraction clandestine du sable. Il s'agit essentiellement de projets lancés dans le cadre du nouveau programme quinquennal du chef de l'Etat, tels que la promesse électorale de 1 million de logements, des nouveaux barrages et des nouveaux axes autoroutiers. «La loi portant prorogation du délai supplémentaire pour l'extraction du sable des oueds prendra fin au début du mois de septembre [2009]. Logiquement, après cette date, on n'aura plus le droit de toucher aux matériaux alluvionnaires, mais il y a un problème. Des carrières ont été développées, mais apparemment, c'est toujours insuffisant pour couvrir les besoins nationaux en sable», déclarait à la presse le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, quelques jours avant la fin du délai de deux ans, avouant par ailleurs la dégradation des lits de rivière et de la nappe phréatique dans certaines wilayas comme Tizi Ouzou et Boumerdès. «L'idée qu'on a eu au niveau du ministère est d'interdire totalement l'extraction dans les wilayas où il y a problème ; ailleurs, on va essayer de trouver des solutions transitoires pour continuer à utiliser le sable des oueds», suggérait-il. Le gouvernement aurait opté pour une solution intermédiaire (sans promulguer un autre texte de loi modificatif) en continuant d'interdire l'extraction du sable dans les régions vulnérables ayant subi une surexploitation et d'autoriser les sablières à travailler dans les autres en attendant la réalisation complète des stations de concassage et de carrières qui se font attendre surtout à Tizi Ouzou. Mais le gouvernement a-t-il prévu des mesures pour garantir l'arrêt de l'extraction du sable dans les rivières des wilayas ? Les engins de sociétés frauduleuses, voraces, méprisantes à l'égard de l'environnement ont creusé profondément même dans la nappe phréatique comme celles de Kabylie. Le raccordement au réseau AEP (eau potable) à partir des stations de pompage du barrage de Taksebt devenu effectif en juillet 2007 dans beaucoup de localités de la wilaya de Tizi Ouzou et qui s'est substitué à l'alimentation en eau potable provenant des centaines de forages du Sebaou est une autre raison de taille qui doit aider à mettre un terme au massacre de cet affluent, le plus important de la région. En fait, a-t-on idée du développement durable ?